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À la Cédéao, Maada Bio découvre que les coups d’État, ça complique un peu l’emploi du temps

Ce dimanche à Abuja, c’était une ambiance “premier jour de classe” pour le président sierra-léonais Julius Maada Bio, fraîchement intronisé président en exercice de la Cédéao. Face à une assemblée de chefs d’État visiblement préoccupés par la solidité de leurs propres fauteuils, il a lancé, avec le sérieux d’un professeur de morale : « Mes chers collègues, il paraît que les changements inconstitutionnels de gouvernement, ce n’est pas très réglo. » Une révélation qui a dû en surprendre plus d’un dans la salle, où certains ont peut-être jeté un regard nerveux vers leurs généraux d’accompagnement.
Le sommet se tient en effet dans un contexte régional des plus… dynamiques. Entre le coup d’État du 26 novembre en Guinée-Bissau (qui a envoyé le président Umaro Sissoco Embaló faire une pause non désirée) et la tentative avortée au Bénin contre Patrice Talon, l’agenda “stabilité” de la Cédéao ressemble à une liste de courses qu’on n’arrive jamais à terminer. Bio lui-même s’était déplacé en personne à Bissau pour jouer les médiateurs, mais visiblement, les putschistes n’avaient pas mis “rétablissement de l’ordre constitutionnel” dans leurs priorités du jour.

Face à cette turbulence généralisée, la solution proposée par le président Bio est d’une logique imparable : puisque la politique devient un sport à haut risque, parlons business ! Il a donc appelé avec enthousiasme à « faire progresser le marché unique, la libéralisation du commerce et les infrastructures transfrontalières ». Une manière élégante de dire : « Si on ne peut plus se faire confiance pour rester en poste, peut-être qu’on peut encore se faire confiance pour échanger des tomates et du ciment ? »
Parmi les annonces phares : à partir du 1er janvier 2026, la Cédéao réduira les coûts du transport aérien. Une mesure saluée par tous ceux qui, après un coup d’État réussi ou raté, souhaitent s’envoler rapidement vers des cieux plus cléments. Pratique.
Le tableau ne serait pas complet sans évoquer les absents de marque : l’Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), qui a claqué la porte de la Cédéao avec la délicatesse d’un adolescent en crise. Le dialogue est rompu, mais personne ne semble vraiment savoir qui a pris qui de vitesse dans cette séparation à l’amiable.
Malgré tout, le show doit continuer. Plusieurs chefs d’État et de gouvernement (ou leurs représentants, au choix) ont fait le déplacement à Abuja pour discuter paix, sécurité et stabilité. Un peu comme se réunir dans un salon en feu pour échanger des recettes d’extincteur.
La Cédéao, sous sa nouvelle présidence, semble naviguer entre les coups de force et les coupons de réduction sur les billets d’avion. Reste à savoir si l’intégration économique sera le remède miracle ou simplement la bande-son d’un naufrage annoncé. Affaire à suivre… si les gouvernements sont encore en place d’ici la prochaine session.



