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Présidentielle  2025  au Cameroun : Joshua Osih, le franc-tireur de l’opposition qui croit au miracle solitaire

Alors que l’ombre tutélaire de Paul Biya, 91 ans, président depuis 41 ans, plane sur la prochaine élection du 12 octobre, l’opposition camerounaise joue une fois de plus sa partition favorite : celle de la discorde. Et cette année, le soliste le plus déterminé à briser le chœur s’appelle Joshua Osih.

Lors d’une conférence de presse tenue mardi, le président du Social Democratic Front (SDF), héritier d’un parti autrefois craint et aujourd’hui marginalisé, a balayé d’un revers de main fiévreux la quête désespérée d’une candidature unique. Tandis que la plupart des dix autres prétendants au trône – une myriade de leaders souvent plus connus dans leurs salons que dans la rue – multiplient les appels téléphoniques et les réunions stériles pour tenter de s’unir, Joshua Osih campe sur sa ligne : le sauveur, c’est lui, et lui seul.

L’orgueil ou la raison ?

Son discours est un cocktail surprenant de certitude et d’aveuglement. Il se présente non pas comme un rassembleur, mais comme un conquérant, affirmant avec une assurance déconcertante sa « capacité à gagner, y compris seul contre tous ». Une déclaration qui sonne comme un défi lancé autant à Paul Biya qu’à ses propres pairs, et qui frise l’insulte pour ceux qui se battent depuis des semaines pour éviter le naufrage annoncé.

Cette posture du cavalier solitaire est un calcul risqué, peut-être même suicidaire. Elle rappelle les errances passées d’une opposition camerounaise incapable de dépasser les egos surdimensionnés de ses leaders pour offrir une alternative crédible à un pouvoir usé mais toujours monolithique. Osih, en refusant le jeu de l’union, semble préférer la gloire éphémère d’être le champion d’un parti à la victoire hypothétique du camp démocratique. Il mise sur un miracle, un face-à-face héroïque dont l’histoire électorale du Cameroun n’a pourtant jamais vu l’équivalent.

Le spectre de 2018 et le jeu du pouvoir

En filigrane de cette prise de position, plane le spectre du scrutin de 2018. L’opposition, déjà divisée entre Maurice Kamto et Cabral Libii, avait offert sur un plateau à Paul Biya une victoire dès le premier tour, malgré une contestation massive. Joshua Osih, lui-même candidat, était arrivé en quatrième position avec une score marginal. Aujourd’hui, en rejouant la partition de la division, il prend le risque de n’être que le fossoyeur de ses propres ambitions et le meilleur allié du régime.

Car c’est bien là que réside la véritable cible de ces déclarations : le pouvoir lui-même. À Yaoundé, on observe certainement d’un œil amusé ces querelles byzantines. Une opposition unie, bien que loin d’être une garantie de victoire, constituerait un danger autrement plus sérieux qu’une poignée de candidats se partageant la maigre part du gâteau non contrôlée par le RDPC. En fragmentant le vote contestataire, Joshua Osih, peut-être malgré lui, travaille au maintien d’un système qu’il prétend combattre.

Alors, stratégie de rupture ou fuite en avant égotique ? Le temps, et surtout les urnes, trancheront. Mais une chose est certaine : en ce mois d’août, Joshua Osih n’a pas envoyé un message d’espoir à ceux qui rêvent d’alternance. Il a offert au régime Biya le plus beau des cadeaux : la certitude que l’opposition, une fois de plus, sera son pire ennemi. Le 12 octobre, face à la forteresse Biya, il aura choisi de se battre avec une armée de un. L’histoire jugera si c’était un acte de bravoure ou le dernier baroud d’honneur d’un candidat déjà condamné à l’isolement.

 

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