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Somalie : L’aide internationale fait couler à sec, 300 000 personnes assoiffées

Entre sécheresse et coupes budgétaires, le pays croule sous les crises… et les paradoxes

Mogadiscio, Somalie – Alors que la communauté internationale se penche sur des traités contre la pollution plastique, la Somalie, elle, aimerait bien voir un peu plus de plastique… sous forme de bidons d’eau potable. Plus de 300 000 personnes, principalement des déplacés et des communautés

Rurales, ont perdu l’accès à l’eau salubre en raison de la réduction ou de l’arrêt des services de distribution d’eau par camion et des systèmes d’assainissement. Une situation qui transforme la soif en crise sanitaire et économique, le tout saupoudré d’une bonne dose d’indifférence mondiale

Le paradoxe de l’eau : rare mais chère

Dans un monde où l’eau devrait être un droit fondamental, elle est devenue un luxe en Somalie. Le prix de l’eau a presque doublé en quelques mois, passant de 70 à 130 dollars pour 10 000 litres. Imaginez : pour le prix d’un tank d’eau, vous pourriez presque acheter un billet d’avion pour aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte… ou simplement plus humide. Les familles doivent choisir entre se nourrir ou s’hydrater, un dilemme qui n’aurait jamais dû exister au XXIe siècle.

Les coupes budgétaires : une sécheresse financière

Le Norwegian Refugee Council (NRC) tire la sonnette d’alarme : les besoins en eau et assainissement ne sont financés qu’à hauteur de 12 %. L’ONU avait pourtant lancé un appel de 1,42 milliard de dollars pour aider 4,6 millions de personnes, mais seulement 17 % de cet objectif a été atteint. Résultat : les agences humanitaires ont dû réduire leurs opérations de 72 %. Comme si on essayait d’éteindre un incendie avec un vaporisateur.

Les conséquences : choléra, diarrhées et désespoir

Entre janvier et juillet 2025, plus de 6 550 cas de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë ont été recensés, dont neuf décès. Près de la moitié des cas concernaient des enfants de moins de cinq ans. Dans le camp de déplacés de Baidoa, Hawa Ali, mère de huit enfants, raconte : « Nous marchons des heures pour trouver de l’eau, souvent sale. Nos enfants tombent malades, et il n’y a rien à faire ». Le comble ? Plus de 150 centres de santé ont fermé à cause du manque de fonds.

La sécheresse : un ennemi climatique impitoyable

Le climat ne fait pas de cadeau non plus. Plus de 130 puits sont asséchés, et les régions comme le Puntland et le Somaliland comptent respectivement 800 000 et 650 000 personnes privées d’eau. Les populations doivent parcourir de longues distances pour s’approvisionner, et quand l’eau arrive, elle est souvent contaminée. « Parfois, nous payons pour payer un camion-citerne, mais cela coûte trop cher », témoigne Aadan Ali Nur, un agropastoraliste.

La satire des grands discours

Pendant ce temps, la communauté internationale exhorte à « s’unir » contre la pollution plastique. Ironique, quand on sait que des millions de personnes n’ont même pas accès à l’eau potable. Comme le dit si bien Mohamed Abdi, directeur du NRC en Somalie : « La réduction de l’aide humanitaire ne signifie pas que moins de personnes ont besoin d’aide ; cela signifie que plus de trois millions de Somaliens seront livrés à eux-mêmes ». On attend toujours les camions-citernes de la solidarité internationale…

Quelques lueurs d’espoir… malgré tout

Dans l’ombre, des initiatives locales tentent de redonner espoir. À Wajid, Action contre la faim à réhabiliter des puits, permettant à 295 ménages d’avoir accès à une eau propre. Owliya Ibrahim, mère de cinq enfants, confie : « Le puits n’est qu’à quelques pas, et l’eau est saine pour mes enfants. Maintenant, nous pouvons nous concentrer sur d’autres choses importantes ». Preuve que des solutions existent, quand les fonds suivent.

La Somalie est au bord du gouffre, prise en tenaille entre les conflits, les extrêmes climatiques et la baisse de l’aide internationale. Cette crise est pourtant « évitable », comme le rappelle le NRC. Mais entre les discours et l’action, il y a un désert… qui n’a pas besoin de s’étendre davantage.

Restez informés : La prochaine fois que vous ouvrirez un robinet, souvenez-vous que pour des milliers de Somaliens, cette eau coule à prix d’or.

 

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