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Le régime Guinéen , trouvant la démocratie trop bruyante, baisse le volume

Dans une démarche audacieuse pour préserver la quiétude nationale (et surtout la leur), les autorités transitoires guinéennes ont décidé de suspendre le principe même de l’opposition. Trop de partis politiques tentaient en effet de faire de la politique, une activité manifestement surévaluée.
Trois grands partis envoyés au coin
Les principaux perturbateurs, à savoir l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, le RPG de l’ancien président Alpha Condé (pourtant si doux pour les libertés démocratiques durant son règne), et le PRP, ont été priés de se taire pour trois mois. Le motif ? Une « situation irrégulière » aussi vague qu’un slogan de campagne. Apparemment, ils n’auraient pas rempli un formulaire administratif en triple exemplaire, malgré les 45 jours de délai gracieusement offerts pour le faire. On est strict sur la paperasse, surtout quand elle arrive pile avant une période électorale cruciale.
Pendant leur suspension, ces partis sont invités à méditer en silence. Toute activité, y compris l’organisation de goûters-débats ou de concours de pétanque militant, est strictement interdite. Un ministre, dont le nom n’est bien sûr pas Condé (Ibrahima Kalil Condé, pour ne pas le citer), a prévenu : toute violation sera sévèrement sanctionnée, probablement par un devoir supplémentaire sur la charte des partis politiques.
Un timing d’une précision chirurgicale
Pur hasard du calendrier, cette suspension tombe alors que ces partis s’apprêtaient à lancer des manifestations contre le pouvoir à partir du 5 septembre. Coïncidence aussi stupéfiante que le fait que la campagne pour le référendum constitutionnel, prévue ce dimanche, ait été soudainement reportée au 31 août.
Questionné par nos soins, un expert en « hasards qui arrangent » a confirmé : « C’est une manœuvre d’une subtilité et d’une finesse rares. On ne peut pas avoir d’opposition qui critique un référendum si l’opposition n’a pas le droit de parler. Logique imparable. »
Autre coïncidence troublante : la Cour suprême devait justement se prononcer le 28 août sur un conflit opposant l’UFDG au ministère. Le parti est donc suspendu avant même que la justice ne rende son avis. Une façon élégante de dire « Merci, mais on gère ».
Bilan : une classe politique prise de cours, et surtout, bien tranquille
Résultat des courses : le paysage politique est apaisé, serein, et merveilleusement silencieux. Le report de la campagne référendaire permet à tout le monde de se reposer et de réfléchir profondément… aux questions qu’on ne lui posera pas.
Le pouvoir, lui, peut maintenant préparer sereinement l’avenir du pays, à l’abri des critiques cacophoniques de ceux qui voudraient, on ne sait pourquoi, donner leur avis.
Une belle leçon de gestion irréprochable.