Kabila condamné à payer l’addition : 46 Milliards de Dollars pour une part de rebelles

Alors que le procès de l’ancien président Joseph Kabila touche à sa fin devant la Haute Cour militaire de Kinshasa, le tribunal a été saisi d’une requête qui pourrait bien faire vaciller l’économie mondiale : les parties civiles réclament à l’ancien homme fort du pays des dizaines de milliards de dollars en réparations pour des crimes commis par les rebelles du M23/AFC, dont il est accusé d’être le « parrain ».
Les accusations : un catalogue d’horreurs
Le bonhomme n’est pas accusé d’avoir volé des stylos dans une papeterie. Non, non. Le catalogue est bien plus fourni : trahison, meurtre, viol, torture, pillage, déportation et même « occupation à force ouverte de la ville de Goma ». Le tout lié à sa collusion présumée avec les rebelles du M23, un groupe soutenu – selon l’ONU et plusieurs pays occidentaux – par le Rwanda voisin (ce que Kigali dément bien sûr avec la ferveur d’un enfant niant avoir touché au pot de confiture).
L’acte d’accusation s’appuie sur un élément clé : une conversation téléphonique où Kabila aurait discuté avec un haut responsable du M23 d’un plan rwandais visant à assassiner l’actuel président, Félix Tshisekedi. La fine stratégie de l’ancien président ? Déconseiller le meurtre qui ferait de Tshisekedi un « martyr » et lui préférer un bon vieux coup d’État militaire, plus classique et moins risqué politiquement. Un conseil avisé d’ancien à ancien.
Mais passons à l’essentiel : l’addition. Elle est salée, très salée. Les parties civiles, dans une surenchère qui ferait pâlir un trader de Wall Street, ont sorti leurs calculettes : le Gouvernement Central réclame la modique somme de 25 milliards de dollars et les provinces de l’Est (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri) : Ajoutent gentiment 21,7 milliards de dollars à la note, ainsi que la saisie de tous les avoirs bancaires de l’intéressé.
Soit un total d’environ 46,7 milliards de dollars. À titre de comparaison, le budget national annuel de la RDC est d’environ 9 milliards de dollars. Il aurait donc fallu que Kabila travaille gratuitement et reverse l’intégralité du budget du pays pendant plus de cinq ans pour espérer payer. Une opération blanche.
Les plaignants justifient ces sommes par les immenses préjudices subis : pertes humaines, pillages des ressources naturelles, destructions d’infrastructures et déplacements massifs de populations.
Le Coupon de folie : « mais il n’est même pas Congolais ! »
Dans un twist absurde digne d’une mauvaise série judiciaire, les avocats des parties civiles ont décidé de jouer la carte de l’identité. Ils contestent la nationalité congolaise de Joseph Kabila, le présentant comme « un sujet rwandais » du nom d’Hyppolite Kanambe, qui aurait été adopté par Laurent-Désiré Kabila.
Conséquence logique selon eux : on ne peut pas accuser de « trahison » un étranger. Il faut plutôt le poursuivre pour « espionnage ». Une manœuvre qui a fait hurler le camp kabiliste, criant à la manipulation politique et à un « crime d’État » qui ouvrira des plaies difficiles à panser. Nier la maternité d’une mère, voilà qui est effectivement d’un goût plus que douteux.
Un procès (très) politique dans un pays (très) divisé
Bien sûr, personne n’est dupe. Les supporters de Kabila, dont son ex-chef de cabinet Néhémie Mwilanya, dénoncent un « procès politique » orchestré par le président Tshisekedi pour éliminer un rival gênant et toujours influent. Un proche de Kabila a résumé l’affaire : ce procès n’est guère plus que du « théâtre » et le verdict est une conclusion acquise.
Kabila lui-même, jugé par contumace depuis son fief de Goma (tenu par le M23), avait dénoncé dès le mois de mai la « dictature » de Tshisekedi et une justice devenue « instrument d’oppression ».
Pendant ce temps, à l’Est, un accord de cessez-le-feu signé au Qatar entre le gouvernement et le M23, le 19 juillet dernier est déjà violé, avec des combats qui ont repris. Le timing du procès est donc pour le moins… délicat. Le procureur général doit présenter son réquisitoire. Joseph Kabila, qui risque la peine de mort (rétablie en 2024 mais non appliquée depuis), attend son verdict.
Qu’il soit condamné à payer 46 milliards ou à passer devant un peloton d’exécution, une question demeure : et si, au lieu de régler les comptes du passé, la classe politique congolaise se concentrait sur les millions de Congolais qui souffrent dans l’Est du pays ? Mais cela, c’est une autre histoire, bien moins drôle et bien moins satirique. « La justice ne négocie pas, elle ne dialogue pas. Le calendrier de la justice est différent du calendrier politique. » a déclaré le vice-ministre de la Justice Samuel Mbemba. On espère juste que le calendrier de la paix, lui, finira par se synchroniser.