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Tripatouillage ou transparence : Oligui trace la ligne rouge face aux dérives électorales

Alors que la publication des listes de candidatures pour les législatives et locales de septembre alimente la contestation et nourrit des soupçons de « tripatouillage », le président Brice Clotaire Oligui Nguema rappelle à l’ordre le ministère de l’Intérieur et exige transparence et rigueur pour préserver la crédibilité du scrutin.

Un coup de colère présidentiel qui tombe à point nommé
 
Au Gabon, à un mois des élections législatives et locales prévues le 27 septembre 2025, la polémique enfle. Depuis le 22 août, plusieurs candidats recalés des listes officielles publiées par le ministère de l’Intérieur dénoncent des « incongruités » et des dysfonctionnements dans l’organisation. Ils affirment avoir déposé des dossiers complets, mais constatent l’absence de leurs noms sur les documents officiels.
 
Assez pour faire réagir, le 23 août, le président Brice Clotaire Oligui Nguema. « Ces incongruités si tant est, qu’elles sont avérées sont inacceptables », a-t-il martelé dans un post sur ses réseaux sociaux relayé à la télévision, rappelant qu ‘ « elles portent atteinte à l’équité du processus électoral et sapent les fondements mêmes de notre démocratie ».
 
Pour le chef de l’État, il ne peut y avoir de compromis sur les principes républicains. « La transparence, la rigueur et le respect des règles républicaines ne sont pas négociables », a-t-il souligné, appelant les autorités compétentes, notamment le ministère de l’Intérieur et la CNOCER, à assumer « leur responsabilité, avec diligence et impartialité, pour garantir la régularité et la crédibilité de cette étape cruciale ». Non sans rappeler l’organisation jugée satisfaisante de la présidentielle d’avril dernier, Oligui Nguema a exhorté à poursuivre dans la même voie. « Nous avons franchi une étape historique. Maintenons ce cap » a-t-il dit.
 
Un contexte électoral déjà trouble
 
Face aux doutes et aux accusations de « tripatouillage » déjà notées dans l’opinion, le président s’est voulu rassurant. « Je confirme au peuple gabonais que le dépouillement des urnes se fera bureau par bureau en présence des médias », a-t-il assuré, avant d’annoncer qu’« une nuit électorale sera organisée pour la circonstance ». Brice Clotaire Oligui Nguema a exhorté chaque acteur du processus à défendre les valeurs républicaines. « Défendons la démocratie avec force, clarté et responsabilité », a-t-il indiqué.
 
Cette sortie présidentielle survient dans un contexte électoral déjà marqué par de vives tensions. Lors de la présidentielle d’avril dernier, le scrutin avait été remporté haut la main par Brice Oligui Nguema avec 94,85% des voix, selon les résultats officiels. Un score qualifié de « plébiscite » par ses partisans, mais dénoncé comme « entaché d’irrégularités » par certains opposants, dont Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui n’avait recueilli que 3,11% des suffrages.
 
Une démocratie gabonaise en reconstruction
 
Le Gabon tente depuis le coup d’État d’août 2023 de tourner la page de 56 ans de règne sans partage de la dynastie Bongo. Le général Oligui, alors chef de la garde républicaine, avait renversé Ali Bongo Ondimba, quelques jours après sa réélection controversée pour un troisième mandat. Il avait promis de « rendre le pouvoir aux civils » et d’installer des « institutions plus démocratiques » à l’issue d’une transition.
 
Près de deux ans plus tard, le pays s’apprête à vivre des élections législatives et locales qui doivent acter la fin de la transition. Mais le processus est semé d’embûches. La nouvelle Constitution, adoptée par référendum en novembre 2024, a introduit des critères d’éligibilité plus stricts, dont une limite d’âge à 70 ans pour les candidats à la présidentielle, qui a écarté de fait plusieurs figures de l’opposition.
 
Le spectre des pratiques anciennes
 
Les récentes déclarations du président Oligui, fustigeant les « dérives » au sein de son propre ministère de l’Intérieur, interrogent sur sa capacité à contrôler l’appareil étatique. S’agit-il d’une véritable volonté de transparence ou d’une manœuvre politique pour se dédouaner à l’approche du scrutin ?
 
Pour ses détracteurs, cette sortie publique pourrait n’être qu’un écran de fumée masquant des pratiques héritées de l’ancien régime. « Le président Oligui a-t-il vraiment les mains libres ou est-il prisonnier des mêmes réseaux que ses prédécesseurs ? », s’interrogent certains observateurs.
 
Quoi qu’il en soit, le ton est donné. Le président gabonais a tracé une ligne rouge et mis en garde contre toute tentative de fraude ou de manipulation. Reste à savoir si cet avertissement sera suffisant pour garantir des élections crédibles et apaisées, capables de tourner définitivement la page des pratiques anciennes et d’ouvrir une nouvelle ère démocratique pour le Gabon.
 
Le monde entier aura les yeux braqués sur le Gabon le 27 septembre prochain. Les élections législatives et locales constitueront un test décisif pour la jeune démocratie gabonaise et pour le président Oligui, qui devra faire la preuve de sa volonté réformatrice et de sa capacité à break définitivement avec les pratiques du passé.

 

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