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Laurent Gbagbo candidat : la justice ivoirienne va-t-elle  commettre un impair diplomatique?

Le  Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a osé défier les lois de la physique juridique en déposant, ce mardi, la candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle. Une provocation de plus pour un homme qui refuse obstinément de laisser une simple condamnation pour « braquage de banque centrale » entacher son parcours d’homme d’État.

L’opération « fantôme aux urnes » a été menée avec une précision militaire. L’intéressé, toujours fâché avec les autorités depuis un malentendu autour de quelques milliards, a brillé par son absence. Préférant sans doute se préserver pour la campagne, il a envoyé à sa place une délégation suffisamment nombreuse pour occuper physiquement la Commission Électorale Indépendante (CEI) et l’empêcher de dire non trop vite.

Dano Djédjé, président exécutif du parti et probablement maître dans l’art de l’euphémisme, a qualifié ce dépôt de « jour mémorable ». Et c’est vrai ! Il est rare de voir un dossier aussi complet, comprenant un CV, une photo souriante, et une condamnation à vingt ans de prison soigneusement ignorée au crayon à papier. « La volonté de notre leader est intacte », a-t-il ajouté, ce qui est techniquement vrai puisque la justice ivoirienne n’a pas encore trouvé le moyen de condamner une volonté.

Le seul petit accroc dans ce beau storytelling est que Laurent Gbagbo, 80 ans printemps, n’est pas inscrit sur les listes électorales. Un détail administratif dû à une vieille histoire de casse de la BCEAO en 2011, un épisode que ses supporters préfèrent appeler « une levée de fonds participative et non conventionnelle ».

Malgré un acquittement de la CPI pour des faits autrement plus graves (preuve que la justice internationale a parfois de ces humeurs), la justice ivoirienne, elle, fait de la résistance. Elle campe sur sa position : on ne braque pas impunément une banque centrale, même pour une bonne cause. C’est manquer de savoir-vivre.

Du côté du camp adverse, on s’étonne de toute cette agitation. « La justice est souveraine, elle n’a pas d’humour », a-t-on rappelé dans l’entourage du président Ouattara, visiblement agacé qu’on tente de relancer une partie de poker menteur dont tout le monde connaît déjà le résultat.

Ainsi, le PPA-CI joue la carte de la pression symbolique : à force de déposer des dossiers de candidature, peut-être finiront-ils par créer un univers parallèle où un casier judiciaire est considéré comme une simple carte de fidélité ? En attendant, la CEI examine la requête avec le sérieux qu’on accorde à une demande de crédit pour l’achat d’un château en Ecosse lorsqu’on est interdit bancaire. La suite promet d’être passionnante.

 

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