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Lutte contre le paludisme : l’Afrique lance son 247e plan stratégique.

Alors que le moustique anophèle, minuscule et buté, continue de semer une terreur millénaire, la communauté sanitaire africaine a riposté ce lundi avec l’arme absolue : un nouvel engagement solennel et un tableau de bord de responsabilisation d’une redoutable complexité.

 La réunion, tenue en marge d’une autre réunion elle-même en bordure d’un comité régional, a fait suite à un constat alarmant : les moustiques, contrairement aux ministres, ne respectent ni le protocole ni l’horaire des réunions.

« Nous faisons face à une tempête parfaite », a déclaré un expert international, devant un PowerPoint si dense qu’il en était devenu hypnotique. « Changements climatiques, résistance aux insecticides, baisse des financements… C’est pourquoi notre réponse doit être, elle aussi, parfaite. Et pour cela, rien de mieux qu’un document-cadre de 87 pages, avec des indicateurs de performance colorés. »

Le nouveau « Tableau de Bord de Responsabilisation » (TDR), fierté de l’assemblée, a été présenté comme une révolution. « Avant, on avait des engagements, mais on ne savait plus très bien qui était responsable de quoi, ni quand », a confié, sous couvert d’anonymat, un délégué visiblement ému. « Désormais, grâce à ce tableau, nous pourrons suivre en temps réel, et avec un code couleur allant du vert (tout va bien) au rouge foncé (catastrophe imminente), l’écart entre nos objectifs ambitieux et la réalité têtue du terrain. »

Le moustique pas invité à la table des négociations

Interrogé par nos soins sur sa réaction face à cette nouvelle offensive bureaucratique, un moustique, rencontré à la sortie de l’hôtel où se tenait le sommet, a semblé peu impressionné. « Bzzz », a-t-il déclaré, avant d’ajouter, dans un français approximatif : « Ils ont des tableaux de bord, moi j’ai des millions de descendants et un instinct de survie de plusieurs millions d’années. Leur dernier rapport, je me torche avec. Bzzz. »

Les observateurs les plus cyniques notent que le paludisme, maladie éminemment sociale, semble se nourrir des failles que les grands discours ne comblent pas : l’accès à l’eau potable, la densité des populations, la précarité. « Un tableau de bord, c’est bien pour les donateurs. Mais pour empêcher un moustique de se reproduire dans une flaque d’eau près d’un dispensaire sans toit, un bon vieux coup de pulvérisateur et de la volonté politique, ça fait aussi l’affaire », grasseye un médecin de terrain, qui a requis l’anonymat de peur de se voir retirer son accès au futur dashboard.

Prochaine étape : la création d’un comité de suivi du tableau de bord

Face au succès retentissant de l’annonce, les organisateurs auraient déjà planifié la suite des opérations : la formation des formateurs qui formeront les futurs utilisateurs du tableau de bord, prévue lors d’un atelier en novembre, dans un lieu à définir, sous réserve de l’obtention de financements.

Une chose est sûre : le monde peut dormir (sous sa moustiquaire) sur ses deux oreilles. La lutte contre le paludisme est désormais pilotée par des indicateurs KPI. Le moustique, lui, n’a pas encore reçu le mémo.

 

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