Alors que le Gabon s’apprête à tourner la page (encore une fois) sur une ère (encore une autre) de son histoire, le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation a lancé, avec un sens aigu du timing, un appel officiel aux amateurs de démocratie en kit. Oui, mesdames et messieurs, les inscriptions pour observer le grand spectacle des législatives et locales du 27 septembre sont officiellement ouvertes !
Dans un communiqué aussi enthousiaste qu’une circulaire administrative, le ministère dirigé par Hermann Immongault a invité toutes les missions d’observation à venir chercher leur sésame, leur laissez-passer pour assister à la « fin de la Transition ». Un concept aussi flou qu’ alléchant, promettant un retour à la normale, cette terre promise politique où l’on ne sait plus très bien ce qui est normal, justement.
« Transparence », « crédibilité », « scrutin apaisé » : les mots-clés du parfait loto électoral ont été soigneusement alignés dans le texte, comme on astreint les cuivres avant une parade. Le département ministériel, soucieux de ne pas se laisser déborder par l’enthousiasme populaire (supposé), a même insisté sur l’importance de s’y prendre « à l’avance » pour un « traitement diligent ». On ne sait jamais, une ruée de passionnés de procès-verbaux, cela peut créer un attroupement.
Les observateurs nationaux et internationaux, ces saints laïcs de la démocratie, sont priés de se présenter au guichet indiqué, munis de leur bonne foi et de leurs dossiers en règle. L’objectif avoué ? « Faciliter la mobilisation sur le terrain ». Traduction : éviter que les observateurs ne se perdent en chemin et ne manquent le début de la pièce, dont le scénario est, bien sûr, encore en cours d’écriture.
Preuve que le spectacle précédent avait été apprécié, le communiqué rappelle avec nostalgie la présidentielle d’avril dernier, où « des observateurs de tous horizons avaient été accrédités ». Quelle belle image d’Épinal ! Un grand melting-pot d’experts internationaux, de diplomates et de membres de la société civile, tous unis pour… observer. Et ainsi sceller cette « confiance retrouvée »,
un sentiment aussi précieux qu’éphémère, surtout à l’approche du jour J.
Alors, si vous avez toujours rêvé d’être spectateur d’un événement dont tout le monde espère qu’il se passera bien, mais sans trop y croire, dépêchez-vous ! Les demandes d’accréditation sont à déposer avant la date butoir. Les places sont limitées, et la crédibilité du spectacle en dépend. Ou pas.
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