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Tripoli s’apprête à accueillir le Forum international Libye-Afrique sur le gaz

Les 6 et 7 décembre 2025, Tripoli deviendra le théâtre du Libya–Africa International Gas Forum (LAIGF),un événement organisé sous le haut patronage du ministère libyen du Pétrole et du Gaz et de la Compagnie nationale pétrolière (NOC). Ce forum, présenté comme « la plateforme la plus stratégique du continent dédiée au gaz », vise à mobiliser investisseurs, gouvernements et sociétés énergétiques autour des réserves libyennes et africaines. Mais derrière les slogans ambitieux se cachent des défis de taille : instabilité politique, infrastructures vieillissantes et concurrence régionale.
Contexte et objectifs affichés
Un hub gazier en renaissance : La Libye, avec ses 53 trillions de pieds cubes de réserves de gaz prouvées et 22 blocs récemment attribués, cherche à se repositionner comme un acteur majeur du marché gazier africain . Le forum promet de faciliter des « accords concrets » et des « partenariats stratégiques » pour développer ces ressources. Connexion Afrique-Europe : Misant sur sa position géostratégique, la Libye ambitionne de devenir une « porte d’entrée » pour le commerce gazier entre l’Afrique et l’Europe, notamment via des infrastructures sous-utilisées.
Enjeux et paradoxes
Si la NOC évoque 4 milliards de barils de pétrole non exploités et des ressources non conventionnelles immenses (18 milliards de barils de schiste), la production stagne depuis des années en raison de conflits politiques et de sabotages récurrents Selon un rapport de la Chambre africaine de l’énergie, l’Afrique de l’Ouest captivera 50% des investissements gaziers du continent d’ici 2030, loin devant l’Afrique du Nord (35%) où la Libye pèse pourtant lourd . Preuve que les investisseurs restent méfiants, le gouvernement libyen vante une « stratégie gazière claire » et une « transformation numérique » de la NOC , mais le pays peine à maintenir une production stable et à protéger ses sites des milices.
Une vitesse de croisière politique ?
Le forum sera-t-il autre chose qu’un énième talk-shop ? Les annonces passées de la NOC sur des partenariats avec ExxonMobil ou des projets de forage offshore restent peu suivies d’effets concrets. Par ailleurs, la Libye fait face à une concurrence régionale croissante : le Sénégal et la Mauritanie entrent dans le club des producteurs de gaz, tandis que le Mozambique attire des milliards d’euros d’investissements .
Un pari risqué
Tripoli tente de jouer la carte du soft power énergétique, mais le forum devra dépasser les discours pour convaincre. Les investisseurs attendront des garanties sur la sécurité des projets et la stabilité contractuelle – deux points où la Libye accumule les retards. Reste à savoir si cet événement sera le catalyseur promis ou un simple écran de fumée dans un pays toujours en quête de cohésion politique.