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Le Ghana, nouvelle plateforme triage pour « amis » indésirables des États-Unis

Dans un élan de solidarité continentale soigneusement calibrée, le Ghana a gracieusement accepté de devenir la nouvelle boîte aux lettres des États-Unis pour leurs expulsés ouest-africains. Une décision prise après une demande pressante de Washington, comme l’a fièrement annoncé le président John Dramani Mahama.
Une offre qu’on ne peut refuser (mais qu’on peut négocier)
Lors d’un échange avec la presse, le chef de l’État ghanéen a détaillé les termes de ce pacte géopolitique pour le moins original. Apparemment soucieux de ne pas hériter des indésirables de la planète entière, Accra a posé ses conditions.
« Nous avons été approchés par les États-Unis pour recevoir des ressortissants de pays tiers qui sont en voie d’expulsion », a déclaré M. Mahama, utilisant le langage diplomatique qui transforme un renvoi forcé en une douce « voie ». Mais pas question de jouer les centre de rétention du monde : « Seuls les ressortissants d’Afrique de l’Ouest seront acceptés, étant donné que tous nos camarades ouest-africains n’ont pas besoin de visas. »
En d’autres termes : « Si vous voulez nous refiler vos migrants, messieurs les Américains, que cela soit au moins pratique pour nous. On fait déjà une fleur à Washington, inutile de devoir en plus gérer la paperasse pour des gens qui n’ont rien à faire ici. L’Afrique de l’Ouest, c’est déjà bien assez ! »
Premier arrivage : quatorze âmes en transit
L’accord est déjà entré en vigueur, façon boîte mail qui affiche « message lu ». Le premier contingent de cette coopération d’un nouveau genre est arrivé : un groupe de quatorze personnes. Un nombre qui pèse lourd dans les communiqués, mais qui semble bien dérisoire à l’échelle des deux nations.
Preuve que le système fonctionne à merveille, le président a précisé que la plupart de ces « camarades » nigérians avaient déjà « décidé de rentrer chez eux » – une formulation qui laisse rêveur sur la nature réelle de cette décision. Un Gambien était également du voyage, déclenchant le protocole standard : contacter l’ambassade pour une « facilitation » de retour. On imagine la scène : « Bonjour, c’est le Ghana. Nous avons un colis pour vous. Il est vivant et un peu vexé. Où doit-on l’envoyer ? »
La nouvelle diplomatie du colis humain
Avec cette annonce, le Ghana rejoint le club très select des nations « réceptrices » sur demande des États-Unis, aux côtés du Rwanda, de l’Eswatini ou du Soudan du Sud. Une belle brochette de pays reconnus pour leur stabilité et leur respect irréprochable des droits de l’homme, assurément les destinations de rêve pour recommencer une vie.
Le message subliminal est on ne peut plus clair : Washington préfère désormais externaliser ses « problèmes migratoires » vers l’Afrique, en payant quelques pays pour qu’ils fassent le tri et le transit. Une solution aussi élégante qu’humaine, qui évite surtout toute forme de culpabilité à l’aéroport de New York ou de Washington.
Bienvenue dans l’ère de la diplomatie du faire-part à volet détachable : une invitation à quitter le territoire américain, avec correspondance à Accra.
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