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Sénégal : Un remaniement gouvernemental en forme de mise en garde

Le président Bassirou Diomaye Faye a procédé, ce samedi 6 septembre, à un coup de balai – ou tout du moins à un coup de chiffon – aux postes les plus sensibles de son gouvernement. Exit les ministres de la Justice et de l’Intérieur, dans un mouvement qui ressemble fort à une sanction pour résultats insuffisants.
Jeu de chaises musicales diplomatiques
Pour les Affaires étrangères, le président sort le joker de l’expérience en nommant le diplomate Cheikh Niang. Une nomination classique, presque rassurante, qui contraste avec le sort réservé à Yassine Fall. Celle-ci est « rétrogradée » de la diplomatie à la Justice, un ministère devenu la bête noire du pouvoir. Elle est chargée de redresser la barre d’une institution que le Premier ministre Ousmane Sonko ne cesse de fustiger pour son inefficacité présumée, notamment sur les dossiers brûlants des violences passées.
À l’intérieur, c’est l’avocat personnel de Sonko, Mouhamadou Bamba Cissé, qui prend les rênes. Un choix qui en dit long sur la priorité absolue : la loyauté avant tout.
Sonko, l’homme indispensable… et intransigeant
Reconduit sans surprise Premier ministre, Ousmane Sonko a immédiatement tonné le tocsin. Finie la « villégiature », place au « combat ». Son discours est sans équivoque : son équipe devra travailler « 24h sur 24, sept jours sur sept » pour réparer les « dégâts » de l’ère Macky Sall, présentée comme un désastre aux chiffres falsifiés.
Le message est clair : ceux qui ne suivront pas le rythme infernal qu’il impose risquent de connaître le même sort que les ministres évincés ce week-end.
Le véritable défi : l’économie, pas les portefeuilles
Mais tous ces remaniements ne font pas disparaître le spectre qui hante réellement le pouvoir : une situation économique catastrophique. Avec un déficit abyssal à 14%, une dette publique étouffante à 119% du PIB, un chômage massif et une pauvreté endémique, les Sénégalais attendent plus qu’un simple recadrage ministériel.
Le gouvernement promet un « plan de redressement » financé à 90% par des ressources internes pour « souverainiser » le pays, un vœu pieux qui sonne comme une gageure tant les discussions avec le FMI semblent inévitables. Le nouveau cabinet est donc sur la sellette : il devra faire des miracles, et vite, sous la férule d’un Premier ministre qui exige déjà l’impossible.