Sous un soleil de plomb et un ciel lourd de symboles, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a intronisé ce vendredi la première promotion d’officiers de police formée intégralement sous son ère. Un baptême du feu protocolaire pour ces 216 impétrants, promus gardiens d’un ordre nouveau.
Ils étaient 216. 216 visages graves, portant l’uniforme avec une raideur encore neuve, à défiler devant le Chef de l’État, Chef suprême des Armées. Leur promotion porte un nom qui résonne comme un manifeste : « Général de Brigade Denis MIKALA BOUTAMBA ». Leur parcours, lui, est un symbole : entrés à l’École nationale de police d’Owendo juste après le « coup de libération » d’août 2023, ils en sortent officiers à l’aube de la Cinquième République. Le timing est parfait. Trop parfait pour ne pas être politique.
Une élite diplômée en armes
La cérémonie, placée sous le triple signe du « renouveau, de l’engagement et de l’espérance », a suivi un rituel militaire bien rodé : remise solennelle des parchemins, serment d’allégeance à la Nation, port des galons et parade martiale. Le Président Oligui Nguema a profité de l’occasion pour décorer plusieurs personnalités, distribuant médailles du courage et de dévouement comme autant de signes de reconnaissance loyaliste.
Mais au-delà de la mise en scène, le régime met en avant le pedigree académique de cette nouvelle garde pour asseoir sa légitimité. Le communiqué officiel ne s’y trompe pas et brandit les chiffres comme des preuves :
61 titulaires d’un Master
136 titulaires d’une Licence ou d’un DUT
19 autres diplômés de diverses filières
Une génération hyper-diplômée, présentée comme le fer de lance de la modernisation des forces de sécurité, face à des « défis sécuritaires croissants ».
Le serment et le vin d’honneur
Portés par « une même volonté de servir avec loyauté et honneur », les nouveaux officiers ont prêté serment, promettant « discipline » et « dévouement ». La solennité du moment, empreinte de « fierté et de patriotisme », a été suivie par un vin d’honneur offert par le Chef de l’État lui-même, scellant dans les faits et dans les verres l’allégeance de cette promotion historique.
Le compte est donc bon : 216 officiers mieux formés, plus éduqués, et surtout parfaitement calibrés pour l’ère Oligui. Le renouveau a un visage, des galons et un diplôme. Reste à savoir si, sur le terrain des réalités sociales et économiques gabonaises, leur mission se limitera à appliquer sereinement le droit… ou à contenir, avec toute la « rigueur » et les « sacrifices » appris, les mécontentements que le renouveau politique n’aura pas su apaiser. La théorie, ils la maîtrisent. Place maintenant à la pratique, celle, autrement plus ardue, de gérer l’après-vin d’honneur.
