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Journée internationale de la démocratie, un anniversaire sous tension ce 15 septembre.

Ce 15 septembre 2025 marquant la Journée internationale de la démocratie 2025, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, rappelle que la démocratie « tire sa force des citoyens » et doit « protéger les plus fragiles » . Un message qui résonne particulièrement au Gabon, où le régime issu du « coup de libération » du 30 août 2023 s’apprête à franchir une étape cruciale : les élections législatives et municipales du 27 septembre 2025. Un test pour une nation meurtrie par 56 ans de règne dynastique et une transition militaire controversée.
Rupture démocratique ou consolidation autoritaire ?
Le renversement d’Ali Bongo, juste après sa réélection frauduleuse, avait été accueilli par une liesse populaire à Libreville . Les militaires, menés par le général Brice Oligui Nguema (cousin de Bongo), promettaient de « restaurer les institutions » et d’organiser des élections libres en 2025 . Mais deux ans plus tard, le bilan est mitigé : Oligui, initialement chef du comité de transition, s’est fait élire président en avril 2025 avec 94,85 % des voix lors d’un scrutin sans réel enjeu, selon les observateurs. Une nouvelle constitution, adoptée en novembre 2024, a aboli le poste de Premier ministre et instauré un âge limite de 70 ans pour les candidats présidentiels, écartant de fait les figures historiques de l’opposition .
Le scrutin du 27 septembre est présenté par le pouvoir comme l’ultime étape avant un retour à la normale. Pourtant, les inquiétudes persistent, le nouveau code électoral confie l’organisation des élections au ministère de l’Intérieur plutôt qu’à des instances indépendantes, suscitant des craintes de manipulations. Malgré des ressources pétrolières importantes, 40 % des jeunes sont au chômage et un tiers de la population vit dans la pauvreté . Les promesses de lutte contre la corruption n’ont pas encore convaincu.
Le Gabon s’inscrit dans une tendance régionale alarmante. Depuis 2020, huit putschs ont frappé l’Afrique de l’Ouest et centrale (Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger…). Comme le note l’expert Christopher Fomunyoh, les populations refusent de se soumettre aux juntes, comme au Soudan où des manifestations ont suivi le coup d’État de 2021
L’ONU et la démocratie : un rôle crucial mais limité
Le Fonds des Nations Unies pour la démocratie (FNUD) célèbre ses 20 ans en 2025. Son action, centrée sur la société civile et la participation inclusive, reste essentielle dans des contextes fragiles . Mais face aux régimes militaro-civils, son influence est contrainte. Au Gabon, l’Union africaine et l’UE enverront des observateurs pour les législatives, mais les analystes politiques redoutent que leur marge de manœuvre ne soit réduite par le « verrouillage institutionnel ».
Le Gabon à la croisée des chemins
Le 27 septembre 2025, les Gabonais devront trancher : valider la transition pilotée par Oligui ou exiger une véritable alternance. Si les élections sont libres, elles pourraient marquer la fin d’un cycle autoritaire. Dans le cas contraire, le pays risquerait de s’enliser dans une « démocratie illibérale » typique de la région.
Comme le résume António Guterres, la démocratie est « une force vivante d’action, d’espoir et de coopération » . Au Gabon, elle devra surmonter les héritages du passé et les tentations autoritaires du présent.
« La démocratie ne se décrète pas, elle se construit jour après jour par le dialogue et la confiance » . À l’heure où l’espace civique se rétrécit et où la désinformation progresse, le Gabon incarne les défis et les espoirs d’une bonne partie du continent.