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Malawi présidentielle : un duel de revenants pour un pays au bord du gouffre

Ce mardi, les Malawites sont convoqués aux urnes pour un scrutin qui ressemble à un remake. Dix-sept candidats ? La vérité est cruelle : le pays, étranglé par une crise économique historique, n’a le choix qu’entre deux fantômes du passé : le président sortant Lazarus Chakwera et son prédécesseur Peter Mutharika. Un duel d’anciens qui promet de ressusciter les vieux démons.
 
Chakwera : le pasteur qui a perdu son troupeau
 
Il y a quatre ans, Lazarus Chakwera brandissait l’étendard de la moralisation et du renouveau. Aujourd’hui, le prêcheur a du plomb dans l’aile. Son quinquennat est un naufrage économique : une inflation qui s’envole à 30%, une monnaie locale, le kwacha, en chute libre, et le prix du maïs – aliment de base – multiplié par six. Son bilan est entaché par le retentissant scandale de corruption Sattar, qui a emporté son propre vice-président. Sa promesse de « cinq ans de plus » pour « terminer le travail » sonne comme une sinistre plaisanterie pour une population exsangue.
 
Mutharika : le professeur qui donne des leçons… d’échec
 
Face à lui, Peter Mutharika, 85 ans, espère surfer sur la colère populaire. L’ex-président (2014-2020) promet discipline budgétaire et lutte contre la corruption. Le culot est magistral. Son passage au pouvoir est lui aussi marqué par l’ombre tenace du « Cashgate », un scandale de détournement de fonds colossaux, et les intimidations de ses milices de jeunes partisans, les « cadets ». Son programme ? Un copier-coller de promesses non tenues, une spécialité malawite.
 
Une campagne dans le vide face à un peuple désillusionné
 
La véritable force en présence n’est pas un candidat, mais la désillusion massive des électeurs. Seuls 7 millions de Malawites sur 11 millions en âge de voter sont inscrits. Preuve d’un rejet profond d’une classe politique perçue comme inepte et corrompue. Les meetings ont beau être pleins, l’abstention pourrait être le vrai vainqueur de ce scrutin. Le futur président, quel qu’il soit, héritera d’un mandat illégitime et affaibli avant même d’avoir commencé.
 
Au cœur du drame : l’économie saignée à blanc
 
Le quotidien des Malawites est un cauchemar éveillé. La pénurie de devises étrangères étrangle le pays, très dépendant des importations. Résultat : des files d’attente interminables aux stations-service et des entreprises dans l’impasse. Le gouvernement vit dans le déni : le dollar officiel est à 1 751 kwachas, mais sur le marché parallèle, il faut en débourser près de 5 000. Une hémorragie économique qui, couplée aux sécheresses et au retrait de l’aide américaine, plonge les trois quarts de la population sous le seuil d’extrême pauvreté (moins de 2,15$ par jour) « La situation économique est le point central. Près de 90% des Malawites estiment que leurs conditions de vie sont mauvaises. » explique, Boniface Dulani, professeur de sciences politiques.
 
Le verdict
 
Les Malawites doivent donc choisir entre un naufrage avéré et un naufrage ultérieur. Deux hommes usés, aux bilans accablants, qui recyclent des promesses creuses. Leur priorité ? Se nourrir. Celle de leurs dirigeants ? Se maintenir. Le Malawi, l’un des pays les plus pauvres au monde, mérite-t-il vraiment ce duel sans issue ? La réponse est dans les urnes, et peut-être déjà dans la rue.

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