
Alors que les partis gabonais ont officiellement lancé la campagne électorale le 17 septembre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, président d’Ensemble pour le Gabon (EPG) et ancien Premier ministre, a choisi, lui, de déclarer la guerre aux « dysfonctionnements » et aux « entorses à la démocratie ». Lors d’une conférence de presse musclée, il a fustigé un processus électoral qu’il juge déjà miné par l’improvisation, l’opacité et les pratiques douteuses.
Un processus électoral dans le chaos
Le leader de l’EPG dresse un bilan sans appel : la préparation du double scrutin législatif et local relève du « n’importe quoi ». Il épingle une administration électorale qui avancerait « envers et contre le bon sens », multipliant les incohérences grossières.« On a une candidature rejetée le matin, validée l’après-midi, sans contentieux », s’insurge-t-il, pointant du doigt des validations de dernière minute qui bafouent ouvertement le Code électoral. La liste définitive des candidats, publiée le jour même du lancement de la campagne, est une première et une insulte à la loi, qui exige sa publication au moins 30 jours avant le vote.


Les griefs sont lourds et s’accumulent. Pour Ensemble pour le Gabon, le ministère de l’Intérieur est incapable de fournir des chiffres fiables sur le nombre d’électeurs, tandis que les périodes d’enrôlement sont illégalement prolongées. Aucun système clair n’est prévu pour garantir une campagne équitable, favorisant outrageusement les partis dominants (UDB et PDG déchu) et asphyxiant l’opposition. L’absence annoncée du président de la République le jour du vote est perçue comme un signal ultra-négatif. « Son absence indique que c’est joué d’avance, que c’est plié d’avance », assène Bilie-By-Nze.
« Les mêmes causes produisent les mêmes effets » : l’avertissement d’un témoin de l’histoire
L’ancien Premier ministre se pose en garde-temple de l’histoire récente. Il rappelle qu’avant le coup d’État d’août 2023, les avertissements sur un scrutin mal organisé étaient déjà là. « On n’avait pas écouté. Et vous voyez le résultat », lance-t-il, en guise d’avertissement sévère au pouvoir actuel. Pour lui, le scénario catastrophe de 2023 est en train de se rejouer.
L’appel choc : reporter le scrutin pour « bien faire les choses »
Refusant la politique de la chaise vide mais rejetant farouchement la légitimité d’un processus vicié, l’EPG lance un ultimatum. Alain-Claude Bilie-By-Nze exige que le gouvernement « revoie sa copie » en urgence.
Il appelle à un report des élections pour respecter scrupuleusement le code électoral; garantir la transparence des listes et du financement afin d’éviter le casse-tête organisationnel de la rentrée scolaire.
Son message est clair : « On doit sortir de la transition. Sortons bien, faisons bien les choses ». Le pouvoir est sommé de choisir entre la précipitation dans l’illégitimité ou un sursaut pour une véritable sortie de crise démocratique. Le compte à rebours est lancé.