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Guinée : un référendum sous haute tension pour une constitution qui fait polémique
Alors que la junte au pouvoir promet une "refondation", l'opposition dénonce une manœuvre pour permettre au colonel Doumbouya de se maintenir au pouvoir et de tourner la page du putsch.

Les Guinéens sont appelés aux urnes ce dimanche 21 septembre pour un scrutin référendaire qui agite le pays. Le projet soumis au vote ? Une nouvelle Constitution de 199 articles, présentée par le régime du colonel Mamadi Doumbouya comme l’acte de naissance d’une « Nouvelle Guinée ». Mais pour l’opposition et les observateurs critiques, il s’agit surtout d’un stratagème pour blanchir un coup d’État et offrir une porte de sortie légale à la transition militaire.
Sous couvert de innovations sociales séduisantes – comme la couverture santé universelle ou la garantie de l’éducation gratuite –, le texte dissimule des réformes institutionnelles majeures qui concentrent le pouvoir entre les mains de l’exécutif.
Les points qui fâchent: un mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une fois. De quoi potentiellement offrir au colonel Doumbouya, s’il se présente une victoire cash, près d’une décennie à la tête du pays. L’article 74 accorde aux anciens présidents une immunité totale pour les actes accomplis durant leur mandat. Un cadeau suspect qui pourrait viser à protéger l’ancien président Alpha Condé… mais aussi, à l’avenir, celui qui l’a renversé.
La création d’une chambre haute, dont un tiers des membres serait nommé directement par le président, est perçue comme un moyen de verrouiller le législatif. La nouvelle « Cour spéciale » chargée de juger les membres du gouvernement pourra-t-elle vraiment être indépendante dans un système aussi présidentialisé ?
Le régime argue que cette constitution est nécessaire pour « réconcilier la nation » et apaiser les tensions ethniques via une décentralisation accrue. Elle est aussi le sésame promis pour un retour dans la cour des grandes organisations internationales et la tenue d’élections en 2025-2026.
Pourtant, le doute persiste. Ce référendum, organisé par ceux qui ont suspendu l’ancienne constitution, ressemble furieusement à une opération de légitimation. La communauté internationale observe avec prudence, tiraillée entre le désir d’une stabilité retrouvée en Guinée et la crainte de voir s’installer une nouvelle ère de régimes forts sous une façade démocratique.
En jeu ce dimanche : bien plus qu’un texte, l’avenir démocratique de toute une nation.