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Souveraineté économique en RDC : Fin de partie pour les étrangers dans le petit commerce à partir de novembre 2025

Le gouvernement congolais a tiré le rideau sur le moratoire qui autorisait les non-nationaux à investir le secteur du petit commerce. Une décision radicale pour "rendre la RDC aux Congolais", qui s'inscrit dans une tendance africaine plus large, suivie notamment par des pays comme le Gabon, l'Algérie ou le Ghana.

C’est un coup de tonnerre dans le paysage économique congolais. À partir de novembre 2025, les étrangers devront céder la place dans les échoppes, les boutiques de quartier et tous les maillons de la vente au détail. Le gouvernement met fin à l’exception qui leur permettait d’opérer dans ce secteur théoriquement réservé aux nationaux, sonnant ainsi la fin d’une époque.
 
Une mesure choc pour l’emploi local
Les autorités justifient cette rupture par un impératif de souveraineté économique. « Le petit commerce est le poumon de l’économie populaire. Il doit être contrôlé par les Congolais, pour les Congolais », peut-on entendre dans les couloirs du ministère de l’Économie. L’objectif affiché est triple : stimuler l’entrepreneuriat local, créer des emplois pour la jeunesse congolaise et protéger le marché intérieur d’une concurrence souvent jugée déloyale.
 
Pour ses défenseurs, cette loi est un puissant signal envoyé aux opérateurs nationaux pour qu’ils investissent massivement le secteur, reprenant ainsi la maîtrise de leur économie de proximité.
 
La RDC dans les pas d’autres nations africaines
En prenant cette décision, la République Démocratique du Congo rejoint un mouvement déjà bien engagé sur le continent. Plusieurs pays africains ont, ces dernières années, restreint l’accès des étrangers à certains secteurs économiques jugés stratégiques pour protéger leurs citoyens.
Le Gabon voisin a été un précurseur. Depuis 2010, une loi réserve aux nationaux près de vingt métiers, dont tous les commerces de détail (alimentation, quincaillerie, salons de coiffure, etc.), forçant ainsi une reconversion des communautés étrangères, principalement d’Afrique de l’Ouest. L’Algérie a mis en place des mesures similaires, limitant strictement l’accès des non-Algériens au commerce et à d’autres activités. Le Ghana a également une liste de secteurs interdits aux investisseurs étrangers, notamment les marchés de vente au détail, afin de protéger son tissu de petites et moyennes entreprises.Le Nigeria et l’Angola appliquent aussi des politiques de  « nigérianisation » ou  « angolanisation » de leur économie, avec des quotas d’emploi locaux et des restrictions sectorielles.
 
Défis et incertitudes d’une transition sensible
Si une partie de la population et des associations de petits commerçants congolais accueille cette annonce avec soulagement, l’annonce fait grincer des dents. Les communautés étrangères concernées, souvent bien implantées, s’interrogent sur leur avenir. Certains partenaires économiques pourraient également y voir un signal protectionniste.
 
Le principal défi pour Kinshasa sera d’assurer une transition réussie. Le gouvernement promet d' »accompagner les nationaux », mais les questions restent nombreuses : un financement et un encadrement suffisants seront-ils prévus pour former une nouvelle génération de commerçants congolais ? Comment éviter des ruptures d’approvisionnement ou une flambée des prix pendant la passation de pouvoirs ?
 
En jouant la carte de la souveraineté économique à marche forcée, la RDC prend un virage historique. Son succès dépendra de sa capacité à transformer cette volonté politique en opportunités réelles pour son peuple. La date de novembre 2025 sonnera-t-elle le début d’un nouvel âge pour le commerce congolais ou l’amorce de tensions économiques et sociales ? Toute l’attention est désormais tournée vers les modalités pratiques de cette révolution des boutiques.

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