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Gabon : Le parti présidentiel en tête de législatives contestées, reprise du vote dans plusieurs circonscriptions
L'ACER reconnaît des "dysfonctionnements graves" dans près d'une dizaine de circonscriptions, tandis que l'opposition dénonce des fraudes et réclame l'annulation du scrutin.

À l’issue d’un premier tour d’élections législatives et municipales marqué par la contestation, le nouveau parti du président Brice Oligui Nguema, l’UDB, caracole en tête. Face aux irrégularités signalées, le gouvernement a pris la décision forte de reprendre les opérations de vote dans plusieurs circonscriptions, au Gabon comme à l’étranger, reportant de fait la tenue du second tour initialement prévu le 11 octobre dans ces zones.
Un scrutin sous tension
Selon les résultats partiels annoncés par le ministère de l’Intérieur, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), la formation du président Brice Oligui Nguema, est largement en tête à l’issue du premier tour des élections législatives et municipales, devançant très loin l’ancien parti au pouvoir, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) .
Cette annonce, cependant, a immédiatement soulevé une vague de contestation à l’échelle nationale. De nombreux candidats et partis d’opposition ont dénoncé des irrégularités massives, jetant une ombre sur la légitimité du processus.
Dysfonctionnements et décision inédite

Face aux tensions, le gouvernement a été contraint de réagir. Sur la base des rapports de l’Autorité de Contrôle des Élections et du Référendum (ACER), il a été décidé de reprendre les opérations de vote dans près d’une dizaine de circonscriptions, identifiées comme étant les plus touchées
par des « dysfonctionnements graves ». Cette mesure s’applique à la fois sur le territoire gabonais et pour les bureaux de vote à l’étranger concernés.
Pour le reste du territoire, l’ACER estime que le processus s’est « globalement bien déroulé ». Dans un communiqué, l’autorité indépendante a déclaré : « Les élections se sont déroulées dans un climat de transparence en présence des observateurs internationaux qui ont d’ailleurs salué l’organisation. Les incidents recensés relèvent davantage de défaillances organisationnelles et de comportements individuels répréhensibles que d’une volonté coordonnée de fraude électorale. »
L’opposition dénonce et exige l’annulation
Sur le terrain, ce bilan est vivement contesté. De nombreuses voix, parmi lesquelles des candidats et des responsables politiques, s’élèvent pour contredire la version des faits avancée par les autorités. Ils dénoncent des pratiques incluant des « listes fantômes », l’utilisation de cartes d’électeurs décédés et une gestion opaque des procurations.


Pour le parti Ensemble pour le Gabon, la solution est radicale : il faut tout annuler. Son président, Alain Claude Bilie By Nzé, ancien Premier ministre et figure de l’opposition, a martelé son message : « Vous avez deux anciens Premiers ministres soutiens d’Oligui, des parlementaires de la transition et des hauts cadres de l’administration et des centaines de candidats qui appellent à l’annulation du scrutin. Je pense qu’il vaut mieux entendre raison. D’autant plus que le coup d’État a été justifié par le refus des résultats tronqués. Et là les élections sont tronquées, il faut annuler ces élections. »
La balle est dans le camp de la Cour constitutionnelle
Désormais, l’opposition place ses espoirs dans la justice. Ses différents recours seront examinés par la Cour constitutionnelle dans les jours à venir. Le délai est très court, car la Cour doit rendre sa décision avant la tenue du second tour prévue le 11 octobre prochain
La crédibilité de l’ensemble du processus électoral gabonais, déjà mise à mal après la fin de la dynastie Bongo , se joue maintenant dans les prétoires. La décision de la Cour constitutionnelle est donc très attendue et déterminera la suite des événements politiques dans le pays.