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Shutdown américain : La grande mascarade budgétaire reprend du service

Les États-Unis viennent de se payer une nouvelle séance de théâtre politique : à compter de minuit ce mercredi 1er octobre, le « shutdown » est officiellement entré en vigueur. Faute d’accord au Congrès, une partie de l’administration fédérale est paralysée, et des centaines de milliers de fonctionnaires sont priés de rester chez eux – le tout, bien sûr, sans solde. Un scénario bien rodé, où chaque camp se renvoie la balle avec une hypocrisie qui frise l’art .
Donald Trump, lui, ne manque pas une occasion de souffler sur les braises. Depuis le Bureau ovale, il affirme que les démocrates « veulent tout fermer », avant de glisser, avec ce sens de la nuance qui le caractérise, que cette paralysie pourrait avoir des conséquences « irréversibles ». Traduction : le président menace de profiter du chaos pour licencier en masse des fonctionnaires, une purge déjà entamée avec la complicité de son ex-compère Elon Musk et de sa mystérieuse « commission Doge » .

La communication, arme de distraction massive : pour alimenter la guéguerre, M. Trump a partagé sur Truth Social un montage vidéo – généré par intelligence artificielle – montrant le démocrate Hakeem Jeffries affublé d’un sombrero et d’une moustache. Une caricature raciste qui résume à elle seule le niveau du débat .
Le cœur du conflit : une bataille de chiffres… et d’égo
Les républicains proposent une simple extension du budget actuel, histoire de gagner du temps jusqu’à fin novembre. Alors que les démocrates, eux, campent sur leurs positions : ils exigent le rétablissement de centaines de milliards de dollars pour les programmes de santé, notamment l’« Obamacare », que l’administration Trump s’évertue à démanteler .
Derrière les principes affichés, un calcul politique à courte vue. Chaque parti tient son rôle, sachant que l’électeur, lui, retiendra surtout les files d’attente dans les aéroports, le retard des aides sociales et la grogne des 750 000 fonctionnaires mis au chômage technique. Un mauvais film dont les scénaristes, à Washington, ne se lassent pas .
Une pièce qui tourne en boucle
Ce « shutdown » n’est que le dernier épisode d’une série absurde. Le précédent remonte à 2018-2019, sous le premier mandat de Trump, et avait duré 35 jours, un record. À l’époque déjà, chacun faisait mine de découvrir avec effarement les conséquences d’une paralysie qu’il avait lui-même contribué à provoquer .
La réunion de crise à la Maison Blanche, lundi, n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau. Elle n’a fait qu’ entériner l’impasse, chacun ressortant plus campé que jamais sur ses positions. « Nous avons la volonté de trouver une voie d’entente », a déclaré Hakeem Jeffries, avant d’ajouter, sans rire, que les démocrates ne soutiendraient « jamais » un projet « partisan » qui « démantèle le système de santé » .
En coulisses, tout le monde a déjà le regard braqué sur les législatives de mi-mandat de novembre 2026. La paralysie actuelle n’est qu’un round d’observation avant la grande bataille électorale. En attendant, ce sont les Américains ordinaires qui trinquent, pris en otage dans un bras de fer dont ils sont les grands oubliés .