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Côte d’Ivoire: Le gouvernement interdit toute manifestation contestant l’exclusion de candidats à la présidentielle.

Le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition ivoirienne vient de franchir un nouveau cap. Jeudi 2 octobre, le Conseil national de sécurité (CNS), présidé par Alassane Ouattara, a sorti l’article 138 de la Constitution comme une arme pour interdire purement et simplement tout rassemblement contestant les décisions du Conseil constitutionnel. Un coup de force juridique qui étouffe dans l’œuf toute velléité de protestation pacifique.
Les motifs avancés par le pouvoir ne manquent pas de sel. Le CNS, instance suprême de l’appareil sécuritaire, justifie sa décision en pointant du doigt des « propos à caractère xénophobe, haineux et subversif » tenus depuis le 8 septembre. Un argumentaire qui sonne comme un aveu : celui d’un pouvoir qui, face à la grogne, choisit le bâillon plutôt que le dialogue.
Une présidentielle sous tension
Cette décision autoritaire s’inscrit dans un contexte électoral déjà ultra-tendu. Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a rejeté les candidatures de poids lourds de l’opposition : l’ancien président Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, chef du principal parti d’opposition (PDCI). Dans le même temps, le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, a été validé pour briguer un quatrième mandat, une éventualité que l’opposition juge contraire à l’esprit de la Constitution.
Pour « garantir un scrutin sécurisé et apaisé », les autorités ont mobilisé 44 000 éléments des forces de sécurité dans le cadre de l’opération « Espérance ». Une démonstration de force qui, vue sous un autre angle, ressemble à une mise en garde adressée à tous les contestataires.
L’opposition entre résignation et résistance
Face à cette muselière institutionnelle, l’opposition a dû plier… provisoirement. La marche « pour la démocratie, la justice et la paix » qu’elle comptait tenir le 4 octobre a été interdite par la préfecture, invoquant des « risques élevés de troubles à l’ordre public ».
Le PPA-CI de Laurent Gbagbo a « pris acte » de cette interdiction et reporté la manifestation au 11 octobre. Mais derrière cette apparente résignation, le parti affûte ses arguments. Son secrétaire exécutif, Sébastien Djédjé Dano, a dénoncé cette situation et appelé ses militants « à rester mobilisés », exigeant « la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers politiques ».
Les tensions ne se limitent pas aux interdictions de manifester. L’opposition dénonce également une série d’arrestations « arbitraires » de ses militants. Le PPA-CI affirme que six de ses membres ont été « enlevés et conduits vers des lieux inconnus » dans la nuit de samedi à dimanche. Le gouvernement, par la voix du ministre de l’Intérieur, rétorque qu' »aucune arrestation n’est faite arbitrairement » et brandit même une confession, obtenue selon lui légalement, impliquant un membre du parti dans une attaque à Yopougon. Un climat de défiance qui rappelle les heures les plus sombres du pays.