Le ministère gabonais de l’Environnement, de l’Écologie et du Climat a officialisé la situation le 2 octobre, mais la nappe d’hydrocarbures avait été détectée dès la mi-septembre au large des côtes sud . La pollution s’étire sur 70 à 100 km de littoral entre les localités de Mayumba et Mayonami, dans la province de la Nyanga. Sur les plages, il ne s’agit pas d’une marée noire massive, mais de traînées noires et de « petites galettes » de pétrole qui souillent le sable et les eaux Selon nos informations, l’activiste gabonais Bernard Rekoula, résidant en France, a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme en partageant des vidéos des plages contaminées sur sa page Facebook. Ces publications sur les réseaux sociaux ont contribué à médiatiser la crise.
Face à la menace, le gouvernement recommande aux populations de limiter strictement les activités côtières. La pêche, la baignade et la collecte de ressources naturelles sont temporairement à proscrire en raison des risques de contamination de la faune et d’altération de la qualité de l’eau .
L’enquête pour déterminer l’origine de la pollution est désormais lancée. Le Conseil national de la mer gabonais a été chargé de déterminer les causes et les responsabilités .La principale hypothèse évoquée est celle d’un dégazage sauvage d’un navire en mer.
L’Agence gabonaise d’études et d’observations spatiales (Ageos) a également repéré deux nappes distinctes entre fin août et fin septembre, suggérant que la pollution pourrait aussi provenir d’une fuite sur une plateforme pétrolière. Identifier le responsable est crucial pour appliquer le principe du pollueur-payeur. Comme le souligne Henri Michel Auguste, président de l’ONG H2O, « si on ne trouve pas qui a pollué, ça va être difficile de faire des travaux de dépollution parce qu’il faut quand même des moyens » La facture de la dépollution et de la restauration du milieu en dépend.Au-delà des paysages souillés, c’est toute la chaîne de la vie qui est menacée. La zone touchée est une zone de pêche cruciale. La contamination des eaux risque de décimer les populations de poissons et de crustacés, affectant directement les moyens de subsistance des communautés côtières .

Les autorités se veulent rassurantes en parlant d’un impact écologique « limité » en raison de la grande dispersion des hydrocarbures, mais les conséquences à long terme restent sous haute surveillance. Les opérations de nettoyage doivent être menées avec soin. L’utilisation de méthodes « trop archaïques » comme des pelles et des râteaux est dénoncée par les experts, car elle pourrait causer plus de tort à l’environnement. « Il y a des innovations qui existent, il faut savoir les utiliser », insiste Henri Michel Auguste .
Cette nouvelle pollution côtière rappelle tristement la célèbre mise en garde attribuée à Geronimo : « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors on saura que l’argent ne se mange pas » . Elle souligne l’éternel conflit, pointé du doigt par l’écrivain Romain Gary, entre le progrès humain et la préservation des manifestations de la vie .