
Acculé dès son premier jour, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a dégainé son seul joker pour tenter de sauver sa peau : la capitulation. Devant une Assemblée nationale où les motions de censure s’accumulent comme des menaces, son discours de politique générale, ce mardi 14 octobre, avait des allures de baroud d’honneur.
La mesure choc, l’annonce destinée à désamorcer la colère, est un aveu d’échec cinglant : la réforme des retraites de 2023, source de tensions sociales majeures, est suspendue. Pure tactique de survie ? Lecornu l’enrobe dans un langage de « compromis », mais les faits sont têtus. Il recule, et plie devant la pression de la rue et de l’opposition.
« Aucun relèvement de l’âge n’interviendra… jusqu’en 2028 », a-t-il lancé, reprenant à son compte une revendication phare de la CFDT. La durée de cotisation reste également gelée. Une victoire pour les syndicats ? Sans doute. Une preuve de faiblesse pour le gouvernement ? Assurément.
Et le prix de cette trêve ? Lourd. Très lourd. « 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027 », a-t-il lui-même reconnu, promettant des « économies » futures pour les compenser. Une équation budgétaire aussi floue qu’inquiétante, qui reporte une fois de plus les problèmes à plus tard.
La fin du 49.3 ? Un renoncement qui en dit long
Le plus symbolique est ailleurs. En préambule, Lecornu a brandi un renoncement comme un trophée : « J’ai renoncé à utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. »
Finies, donc, les lois forcées sans vote ? Le gouvernement, minoritaire à l’Assemblée, enterre l’arme atomique parlementaire, devenue trop dangereuse à manier. Il espère ainsi acheter la paix et éviter la censure. « La crise de régime n’aura pas lieu », a-t-il assuré, alors que c’est précisément cette peur qui plane sur les bancs de la majorité.
Ce discours est un pari risqué : Lecornu a jeté ses principales cartes en pâture pour calmer le jeu. En suspendant la réforme des retraites et en renonçant au 49.3, il offre des gages, mais il révèle aussi la profonde vulnérabilité de son gouvernement. La balle est maintenant dans le camp des députés. Accepteront-ils cette paix armée, ou lui donneront-ils le coup de grâce ?