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Madagascar : l’ère Randrianirina, un colonel au pouvoir sur les cendres de la crise

Dans un climat de tension et d’incertitude extrême, le colonel Michael Randrianirina a officiellement ceint l’écharpe présidentielle, scellant ainsi une transition de pouvoir aussi rapide que brutale. Investi ce vendredi en tant que « Président de la Refondation de la République », cet officier, hier encore dans l’ombre, incarne désormais le destin d’une nation en pleine tourmente.
 
La cérémonie, lourde de symboles, s’est déroulée devant la Haute Cour constitutionnelle. Le colonel y a prêté serment et s’est vu remettre la « Grand Croix de première classe de l’Ordre national », une distinction présidentielle qui acte son nouveau statut. Cette accession au sommet de l’État couronne une semaine vertigineuse, véritable séisme politique ayant bouleversé les institutions malgaches.
 
L’aboutissement d’un coup de force politique et militaire
 
Le parcours qui a conduit le colonel Randrianirina au palais d’État est un roman à suspense. Il y a quelques jours à peine, cet homme se présentait comme la voix de la raison dans une armée tiraillée. On se souvient de son appel fracassant aux militaires, les enjoignant de refuser d’« être rémunérés pour tirer sur nos amis, nos frères, nos sœurs ». Un discours qui a fissuré le front du pouvoir et fait de lui la figure de proue d’une armée en dissidence.
 
Son investiture n’est que la dernière pierre d’un édifice construit à toute allure. Elle intervient en effet 72 heures seulement après la destitution historique d’Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale, elle-même précédée par la fuite du chef de l’État le 12 octobre. Une dégringolade accélérée par un vaste mouvement de protestation populaire, né le 25 septembre, qui a contraint le pays à une remise à zéro totale.
 
De la caserne au palais : le serment de la refondation
 
Aujourd’hui, celui qui annonçait la prise de pouvoir par l’armée en est le premier bénéficiaire. La boucle est bouclée. En endossant les attributs présidentiels, le colonel Randrianirina passe de la rébellion au pouvoir, de la promesse de refondation à la lourde tâche de la concrétiser.
 
La question qui brûle désormais toutes les lèvres à Antananarivo et au-delà est : que recouvre exactement cette « Refondation » ? Le nouveau président, porté par la rue et les baïonnettes, devra très rapidement transformer ses mots en actes pour tenter de réconcilier un pays profondément divisé et engager la Grande Île sur la voie périlleuse de la stabilisation. Le chapitre Rajoelina s’est brutalement clos ; le chapitre Randrianirina, incertain et palpitant, s’ouvre aujourd’hui.

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