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RDC : course au « perchoir », Tshisekedi en arbitre tout-puissant

Vingt-cinq jours après la chute de Vital Kamerhe, contraint à la démission pour éviter un lynchage parlementaire, l’Assemblée nationale congolaise ressemble à un champ de bataille. La victoire des 262 pétitionnaires a ouvert la saison de la chasse à la présidence. Et dans l’arène de l’Union sacrée, les couteaux sont tirés. Premier enseignement : l’UNC de Kamerhe, bien que son leader soit en retrait, refuse catégoriquement de lâcher le précieux fauteuil. La guerre de succession est déclarée.
 
L’UNC en terre incertaine : entre fidélités affichées et calculs obscurs
 
Officiellement, le parti garde le silence. Mais dans les couloirs, les noms fusent déjà. Deux profils s’affrontent dans l’ombre. Aimé Boji Sangara, le ministre de l’Industrie, incarne le candidat de l’appareil. Ancien ministre du Budget, discret mais solidement ancré dans l’entourage du président Tshisekedi, il est présenté comme « l’homme du consensus ». Un consensus qui, en langage de Kinshasa, signifie souvent « le choix du prince ». Face à lui, Baudouin Mayo Mambeke a, lui, choisi la stratégie du bulldozer. Il a officialisé sa candidature et brandit son étendard : la fidélité indéfectible à Vital Kamerhe. Ses attaques voilées visent ceux qu’il juge être des « opportunistes » au sein de leur propre famille politique. Un coup de poing sur la table pour s’imposer comme le vrai héritier.
 
Le problème ? Le « parrain » Kamerhe, toujours silencieux, n’a pas donné la ligne. Son camp navigue à vue, entre loyauté affichée et nécessité de se rallier à la volonté présidentielle.
 
Les autres prédateurs à l’affût : l’UDPS affûte ses arguments
 
L’UNC n’est pas seule. D’autres convoitent la place. À 83 ans, Christophe Mboso est poussé par ses supporters qui brandissent sa fidélité à Tshisekedi. Les députés « pétitionnaires », artisans de la chute de Kamerhe, estiment avoir légitimité à présenter leur propre champion.
 
Mais le vrai danger vient de l’UDPS, le parti présidentiel. La position d’Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, président intérimaire de l’Assemblée, a fait l’effet d’une douche froide : « L’UDPS peut décider d’occuper la présidence de l’Assemblée nationale. La logique de l’Union sacrée veut que le parti qui compte le plus de députés prenne la présidence. » Autrement dit : pourquoi se contenter de piloter à distance quand on peut s’asseoir directement sur le siège ?
 
Tshisekedi, l’arbitre suprême dans l’ombre
 
Malgré les postures et les déclarations ambitieuses, une seule voix comptera au final : celle de Félix Tshisekedi. Proches du pouvoir et observateurs s’accordent sur un point : le président, en « autorité morale » de l’Union sacrée, aura le dernier mot.
 
Son calcul sera froid, stratégique. Il pèsera sur la représentation régionale, la fidélité absolue du candidat, et l’équilibre des institutions. Il s’agit moins de récompenser un allié que de consolider son propre camp et de neutraliser toute velléité d’autonomie.
 
La leçon est claire : à Kinshasa, on peut bien se battre pour le « perchoir », mais c’est toujours du palais présidentiel que vient la décision. La succession de Kamerhe est bien plus qu’une simple passation de pouvoir ; d’un baromètre de la concentration réelle du pouvoir entre les mains de Félix Tshisekedi.

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