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Gabon: Harold Leckat Igassela, ou le prix de la parole libre

Il est des retours qui tournent au cauchemar. Harold Leckat Igassela, directeur de publication du média en ligne Gabon Media Time (GMT), en a fait la sinistre expérience. Le 15 octobre, à peine avait-il posé le pied sur le sol gabonais, de retour de France, que les menottes lui servaient de « bienvenue ». Cinq nuits d’angoisse plus tard, dans les geôles de la redoutée Direction générale des recherches (DGR), le voilà officiellement écroué.
 
Son crime ? Mystère. Les autorités, dans un mutisme assourdissant, se refusent à toute communication officielle. Il a fallu que GMT se fende d’un communiqué pour entrevoir l’ombre d’un motif : un litige commercial avec la Caisse de dépôt et de consignation (CDC). Et, comme par hasard, les réseaux sociaux bruissent d’une accusation bien plus grave et bien plus pratique : « détournement de fonds publics ». Quelle coïncidence opportune.
 
Ses collègues journalistes, eux, n’y voient pas une coïncidence, mais un acharnement. Plusieurs organisations de presse dénoncent, avec une colère froide, une « cabale politico-judiciaire ». On ne s’attaque pas impunément à un homme pour un différend commercial en le laissant croupir pendant cinq jours dans les caves d’un service de renseignement. Non, derrière les grilles de la prison, c’est la liberté de la presse qui est consignée.
 
Le sort d’Harold Leckat Igassela n’est pas qu’une affaire judiciaire ; c’est un symbole. Celui d’un pays où un journaliste peut être jeté en prison sans que l’on daigne même lui signifier clairement les charges retenues contre lui. Dans l’ombre des cellules, une vérité se dessine, bien plus éloquente que tous les communiqués : celle du prix à payer pour avoir voulu informer.

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