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Gabon : le FMI sonne l’alarme sur une hémorragie fiscale de 150 milliards FCFA par an
Les exonérations de TVA, un trou noir dans les finances publiques ? Selon un récent rapport du Fonds Monétaire International, le Gabon sacrifierait chaque année une manne fiscale colossale, au détriment de ses investissements publics.

C’est un coup de semonce du Fonds Monétaire International (FMI). Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales, l’institution tire la sonnette d’alarme : le Gabon laisse filer plus de 150 milliards de FCFA par an en exonérations de TVA. Une saignée qui grève lourdement le budget national et entrave la capacité du pays à financer son avenir.
Une facture salée pour les caisses de l’État
Le constat est sans appel. Ces allègements fiscaux, majoritairement concentrés sur les secteurs du pétrole, des mines et des forêts, engloutissent entre 1,2% et 1,5% du PIB gabonais. Alors que l’État tente de se désengager de sa dépendance aux ressources extractives, ce manque à gagner prive le pays de précieuses ressources pour construire des écoles, des hôpitaux ou des infrastructures essentielles.
Pour le FMI, la logique est simple : ces niches, même si elles visent à attirer les investisseurs, se font au prix d’un effort budgétaire considérable. L’institution estime que sans cadre strict, ces cadeaux fiscaux « compromettent la capacité du pays à financer durablement son développement ». En clair, le Gabon rogne sur ses propres moyens pour se développer.
Opacité et effets non mesurés : le cocktail toxique

Au-delà du coût, le FMI pointe un autre problème de taille : le manque de transparence. Qui sont les bénéficiaires de ces milliards ? Combien durent ces exemptions ? Le rapport déplore l’absence de publication claire sur ces points cruciaux, empêchant tout véritable débat public sur l’opportunité de ces dépenses fiscales.
Surtout, l’impact réel de ces mesures reste une énigme. Ces exonérations créent-elles vraiment des emplois ? Stimulent-elles l’économie nationale ? En l’absence d’audit systématique, personne ne peut en attester. Le Gabon dépenserait donc sans savoir s’il en a pour son argent.
Les remèdes du FMI : transparence, évaluation et fin des chèques en blanc
Face à ce gâchis, le FMI ne se contente pas de critiquer. Il propose une feuille de route concrète pour assainir les finances publiques. Selon le Fonds monétaire international, le Gabon doit publier chaque année un rapport détaillant le coût, la durée et la liste des entreprises bénéficiaires, instaurer un audit rigoureux des régimes dérogatoires, en particulier dans les secteurs minier, pétrolier et forestier, pour évaluer leur véritable rendement économique et ne reconduire les exonérations qu’après une évaluation approfondie et les limiter dans le temps. Les critères d’attribution doivent être revus pour ne servir que des objectifs de développement clairs et une réelle valeur ajoutée pour l’économie gabonaise.
Vers une fiscalité plus juste et un développement soutenable
L’enjeu est de taille. Pour le FMI, une réforme en profondeur est la clé pour renforcer la mobilisation des ressources intérieures. Une fiscalité plus équitable et mieux ciblée permettrait non seulement de remplir les caisses de l’État, mais aussi d’améliorer la gouvernance et la confiance des citoyens. Une condition sine qua non pour construire une croissance gabonaise robuste et enfin diversifiée.
La balle est désormais dans le camp des autorités gabonaises. Saisiront-elles cette alerte pour opérer le grand ménage dans la politique fiscale du pays ? Bien malin qui pourra l’affirmer