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Soudan : la chute d’el-Fasher, un tournant stratégique et humanitaire dans la guerre du Darfour

Dans une annonce lourde de conséquences, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », ont proclamé, ce dimanche, s’être emparés du quartier général de l’armée puis du contrôle total de la ville d’el-Fasher, au Darfour-Nord. Si cette affirmation doit encore être confirmée de source indépendante, elle marque un tournant décisif dans le conflit qui déchire le Soudan, sonnant potentiellement le glas du dernier bastion de l’armée régulière dans la région.
 
Le dernier rempart qui vacille
 
El-Fasher n’était pas une ville comme les autres. Capitale du Nord-Darfour, elle était le symbole de la résistance de l’armée soudanaise (SAF) face à l’avancée fulgurante des FSR dans l’ouest du pays. Depuis près de 18 mois, la ville vivait au rythme des assauts, des bombardements et d’un siège implacable qui a plongé sa population dans une crise humanitaire catastrophique.
 
Sa position stratégique en faisait un enjeu crucial : verrouiller el-Fasher, c’était pour l’armée contrôler la dernière porte d’entrée majeure vers le reste du Darfour et un point d’ancrage symbolique face aux milices. Pour les FSR d’Hemedti, originaire du Darfour, sa prise représentait l’ultime étape pour assoir leur domination sur l’ensemble de la région et affaiblir militairement et psychologiquement le général Abdel Fattah al-Burhane, son rival à la tête de l’État.
 
Une bataille annoncée dans l’angoisse
 
Les combats pour el-Fasher étaient redoutés par la communauté internationale. Les organisations humanitaires ne cessaient de tirer la sonnette d’alarme sur le sort des centaines de milliers de civils piégés dans la ville, ainsi que des dizaines de milliers de déplacés ayant fui les violences ailleurs dans la région. Le siège avait coupé l’accès à la nourriture, à l’eau potable et aux soins médicaux, créant des conditions propices à une famine généralisée.
 
L’annonce de la prise du quartier général militaire, suivie de celle de la ville entière, suggère une possible déroute des forces loyalistes, pourtant appuyées par des alliés locaux. Cette victoire, si elle est avérée, confère aux FSR un avantage stratégique et symbolique immense. Elle leur offre le contrôle opérationnel d’une vaste zone et renforce la perception de leur inexorable ascension dans cette guerre de plus en plus ethnique et territoriale.
 
Pour les analystes de la politique africaine , la chute présumée d’el-Fasher n’est pas la fin de la guerre, mais elle en est un chapitre décisif. Elle consacre Hemedti comme une force incontournable et plonge un peu plus le peuple soudanais dans l’incertitude et la souffrance. La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale pour empêcher un nouvel effondrement humanitaire et trouver les voies d’une paix qui semblent, aujourd’hui plus que jamais, hors de portée.

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