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Cameroun : une fin de présidentielle sous tension dégénère, au moins quatre morts à Douala

Le Cameroun retient son souffle. Alors que le conseil constitutionnel doit proclamer sous peu les résultats de l’élection présidentielle, le pays s’enfonce dans la violence. Selon la presse locale, des heurts meurtriers entre forces de l’ordre et sympathisants de l’opposition ont secoué Douala, faisant plusieurs morts et de nombreux blessés, créant un climat d’extrême tension.
La période d’attente, traditionnellement tendue dans les élections camerounaises, a viré au drame. Avant l’annonce officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre dernier, les principales villes du pays, et notamment la métropole économique de Douala, ont été le théâtre d’affrontements d’une rare intensité.
Le point de départ de ces violences est l’appel lancé par le principal candidat de l’opposition,Issa Tchiroma , à ses sympathisants pour « manifester pacifiquement » leur attente et leur vigilance. Rapidement, des rassemblements ont dégénéré en confrontations directes avec les forces de sécurité déployées en nombre pour prévenir tout débordement.
À Douala, épicentre de la crise
C’est dans les quartiers populaires et les grands axes de Douala que les incidents ont été les plus graves. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des jeunes dressant des barricades, brûlant des pneus et lançant des projectiles sur les gendarmes et les policiers. Ces derniers ont répliqué en utilisant des gaz lacrymogènes et, selon plusieurs témoignages, en tirant à balles réelles.
Le bilan, encore provisoire selon les sources hospitalières, est lourd : au moins quatre personnes ont perdu la vie, toutes des civils. On dénombre également de nombreux blessés, tant parmi les manifestants que dans les rangs des forces de l’ordre. Un hôpital de la ville a confirmé être en état d’urgence pour faire face à l’afflux de victimes.
Un climat de défiance et de peur

Ces violences surviennent dans un contexte de défiance accrue envers le processus électoral. L’opposition et une partie de la société civile dénoncent depuis le scrutin des irrégularités massives et appellent à l’invalidation des résultats dans plusieurs régions. Les partisans de Tchiroma , qui revendique la victoire sur la base de « résultats partiels » compilés par ses délégués, craignent une « confiscation » du scrutin par le pouvoir en place, représenté par le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
De son côté, le gouvernement, par la voix du ministre de la Communication, a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes de violence et de déstabilisation », accusant « des factions extrémistes » de chercher à « troubler l’ordre public et créer le chaos ». Les autorités appellent la population au calme et à attendre les résultats officiels dans la sérénité.
La crainte d’une escalade
Alors que la proclamation des résultats est imminente, la communauté internationale observe la situation avec une inquiétude grandissante. Les capitales étrangères, dont Paris, Washington et Bruxelles, ont appelé à la retenue de toutes les parties et au dialogue.
Ce lundi, l’annonce des résultats s’annonce décisive. Les Camerounais, entre peur et colère, espèrent éviter une répétition ou une aggravation des scènes de violence qui ensanglantent déjà le pays, plongeant une nation déjà fragilisée par des crises multiples dans une nouvelle période d’incertitude.



