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Libreville : le béton qui respire, l’émergence d’une ville sportive

Ils sont footballeurs du dimanche, basketteurs aguerris ou adeptes de sports de combat. Ils ne se croiseraient peut-être jamais dans un club, mais se donnent rendez-vous chaque week-end le long de la corniche de Libreville. Depuis près de cinq ans, la capitale gabonaise vit au rythme d’une transformation silencieuse : celle de la réinvention de son espace urbain en un vaste terrain de jeu.
 
Finis les cadres conventionnels ? Pas tout à fait, mais ici, sur le bitume, une nouvelle communauté d’athlètes de tous horizons s’est approprié la ville. Cette pratique a transformé les plateaux sportifs en de véritables lieux de vie et d’espoir, où la sueur et l’effort effacent, le temps d’un match, les barrières sociales.
 
Pour Moukoula Bouka, amateur de football, le constat est sans appel. Le bénéfice de ces espaces est immense : « C’est très bénéfique pour nous parce que dans nos quartiers il n’y a pas de terrains adaptés. Il y a beaucoup de jeunes qui viennent ici transpirer et on se crée des connaissances », témoigne-t-il. Et il ajoute, soulignant le rôle social fondamental de ces rassemblements : « Et le sport ici éloigne les jeunes de la délinquance. »
 
Un engouement populaire face au défi de l’entretien
 
Pourtant, derrière l’effervescence et l’enthousiasme général, un autre son de cloche se fait entendre, pointant du doigt un défi crucial. Si ces plateaux sont devenus des centres névralgiques, leur état et leur sécurité laissent souvent à désirer. Jeffrey Mindoumbi, amateur de basket, partage une préoccupation partagée par beaucoup : « C’est vrai que ces installations ne sont pas suffisamment entretenues. Je pense qu’en la matière, la municipalité devrait faire son travail. »
Il va plus loin en évoquant un point essentiel pour la pérennité de ces lieux : « Il faut mettre aussi en place un dispositif de sécurisation de ces plateaux. De sorte qu’ils ne soient pas vandalisés. » Un appel à l’action qui résonne alors que l’investissement dans le sport local est perçu comme un parent pauvre des politiques publiques.
 
Un manque de reconnaissance pour des athlètes qui brillent
 
Cette problématique de l’entretien n’est que la partie émergée d’un iceberg plus large : la place accordée au sport et à ses pratiquants. Yeldave Biyoghe, instructeur de sport de combat, offre une analyse plus globale. S’il salue les initiatives prises, son regard est sans concession : « Quelques initiatives sont prises dans ce sens même si beaucoup reste à faire. Je crois que tout ceci est la conséquence du peu d’intérêt que les politiques accordent aux athlètes. »
 
Un paradoxe d’autant plus frappant, selon lui, que le Gabon sait produire des champions : « Quand bien même on voit qu’au niveau international, le Gabon a de dignes représentants en football, les arts martiaux y compris. »
 
Ainsi, entre l’énergie brute des pratiquants et le plaidoyer pour de meilleures infrastructures, Libreville vit une transition sportive unique. La ville s’est animée, son béton respire au rythme de ses athlètes. Reste désormais aux gestionnaires de la cité à entendre cette mélodie urbaine et à accompagner ce mouvement populaire, pour que l’élan ne retombe pas et que l’espoir né sur le bitume continue de grandir.

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