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Mali : La crise du carburant étrangle les écoles, le pays s’enfonce dans une paralysie

C’est un coup d’arrêt brutal pour tout un système éducatif. Dimanche, les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur ont jeté l’éponge, annonçant la suspension immédiate de tous les cours dans les écoles et universités du pays. La raison officielle ? Une pénurie d’essence catastrophique qui paralyse les transports. Mais derrière cette annonce administrative se cache une réalité bien plus sombre : l’État malien, pieds et poings liés, capitule face à un blocus jihadiste qui asphyxie le pays bien au-delà des champs de bataille.
 
Le blocus, une arme de guerre massive
 
Depuis septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), l’allié d’Al-Qaïda au Sahel, a resserré son étau. Sa stratégie est d’une redoutable efficacité : imposer un embargo total sur le carburant en provenance des pays voisins. En ciblant les camions-citernes et en interdisant de facto l’approvisionnement via les routes qu’ils contrôlent, les jihadistes ont trouvé le point de rupture du Mali. Ils ne se contentent plus de mener des attaques ponctuelles ; ils s’attaquent aux artères vitales de la nation, prouvant que leur emprise s’étend bien au-delà des zones rurales.
 
Les conséquences sont immédiates et viscérales. À Bamako comme à Gao, les stations-service sont assiégées par des files d’attente interminables, des jerricans à la main. Le prix du litre de carburant sur le marché parallèle a atteint des sommets prohibitifs, transformant un trajet quotidien en un luxe inaccessible pour la majorité des Maliens.
 
L’éducation, première victime collatérale
 
La suspension des cours n’est que la partie émergée de l’iceberg. Elle acte l’échec d’un État incapable de protéger son avenir : sa jeunesse. Des millions d’élèves et d’étudiants se retrouvent brutalement condamnés à l’oisiveté, leurs cahiers remplacés par l’incertitude.
 
« Comment voulez-vous que les professeurs, les élèves ou le personnel fassent des trajets de plusieurs kilomètres sans essence ? C’est tout simplement impossible », lance un directeur d’école de Bamako, sous couvert d’anonymat. « C’est une victoire stratégique pour ceux qui veulent plonger ce pays dans les ténèbres. Un peuple sans éducation est un peuple sans avenir. »
 
Cette décision sonne comme un aveu de faiblesse cinglant pour les autorités de la transition. Elle démontre que la crise sécuritaire n’est plus seulement une question de kalachnikovs et d’engins explosifs, mais une guerre économique et logistique où les jihadistes dictent leur loi. En paralysant les écoles, c’est tout le projet de reconstruction et de souveraineté nationale qui est mis en péril.
 
Un pays au bord de l’arrêt cardiaque
 
Au-delà des salles de classe, c’est l’ensemble de l’économie et de la société malienne qui suffoque. Les hôpitaux peinent à faire fonctionner leurs générateurs, les commerces réduisent leurs horaires, les marchés s’approvisionnent au ralenti. La vie quotidienne est devenue un parcours du combattant, où chaque goutte d’essence est une denrée précieuse.
 
Cette crise, sans précédent par son ampleur, pose une question fondamentale : jusqu’où la junte au pouvoir peut-elle contenir l’étau qui se resserre ? La suspension des cours est un signal d’alarme ultime. Elle révèle un Mali sous perfusion, dont les veines économiques sont sectionnées une à une par des groupes armés qui assoient leur pouvoir non plus seulement par la terreur, mais par la gestion cynique de la pénurie.
 
La rentrée des classes est reportée sine die. Dans l’attente, c’est tout un pays qui retient son souffle, confronté à une question qui devient de plus en plus pressante : après l’éducation, quelle sera la prochaine victime de ce blocus ?

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