
C’était la promesse d’un avenir post-pétrole, un pilier pour l’économie gabonaise. Doté de près de 300 millions d’euros, le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) devait être le levier d’une diversification vitale. Aujourd’hui, il n’en est plus que l’ombre, un cadavre institutionnel à l’agonie, rongé par les batailles de palais et les appétits financiers les plus voraces. Africa Intelligence, en se procurant des documents internes accablants, lève le voile sur un système de dilapidation organisée.
Une mission trahie, un héritage en cendres
La raison d’être du FGIS ? Sortir le Gabon de sa dépendance aux hydrocarbures en finançant des projets structurants. Le bilan est un désert. À part quelques réalisations anecdotiques, soigneusement mises en avant pour masquer l’hémorragie, le fonds a failli à tout. Les secteurs de l’agriculture, de la transformation ou des technologies sont restés des parents pauvres, tandis que les coffres, eux, se vidaient. La « dérive » évoquée n’est en réalité qu’une longue et patiente saignée.
Guerres de clans : le fonds, otage des ambitions personnelles
Le FGIS n’a jamais été un outil économique ; il a été, dès sa création, une caisse de guerre et un tremplin pour ambitions politiques. Nos informations révèlent que la direction du fonds a été un enjeu de pouvoir féroce, un poste clé pour contrôler des flux financiers considérables et asseoir son influence. Les « luttes de pouvoir » ne sont pas de simples conflits de management : ce sont des guerres où les décisions d’investissement étaient prises non pour le développement du pays, mais pour consolider des alliances ou affaiblir des adversaires. La gouvernance a été volontairement sabotée pour mieux régner.
Dérives financières : le grand détournement
Derrière le langage technique des « dérives financières » se cache une réalité plus crue : des investissements opaques, des montages douteux, des fonds dirigés vers des sociétés-écrans ou des projets fantômes. Les documents que nous avons consultés pointent des transferts inexpliqués, des commissions faramineuses et un mépris total des procédures les plus élémentaires de contrôle. L’argent du contribuable gabonais, censé préparer l’avenir, a été siphonné avec une efficacité cynique.
Un symbole de la gabegie
Le FGIS est bien plus qu’un fonds en faillite. Il est le symbole d’un système où l’intérêt général est systématiquement sacrifié sur l’autel des intérêts privés et des calculs politiques. Sa lente agonie raconte l’histoire d’une élite qui, incapable de se projeter au-delà de la rente pétrolière, a préféré dépecer l’outil qui devait en assurer la relève. L’enquête ne fait que commencer, et les noms circulent déjà dans les couloirs du pouvoir. La question n’est plus de savoir si le FGIS peut être sauvé, mais qui paiera pour son naufrage.
			
		
				
					


