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Gabon : un budget 2026 sous tension entre austérité brutale et promesses sociales
Sous le feu des critiques des agences de notation, le gouvernement gabonais a opéré un spectaculaire virage budgétaire. Le nouveau projet de finances pour 2026, nettement plus austère, suscite déjà l'inquiétude quant à son impact sur le pouvoir d'achat et la cohésion sociale.

C’est un véritable coup de frein. Jugé « irréaliste » par l’agence Fitch Ratings, le premier projet de budget 2026 (7 233 milliards de F CFA) a été sévèrement recalibré par le ministre d’État Henri-Claude Oyima. Le gouvernement a purement et simplement supprimé 25 postes de dépenses, pour une économie sèche de 153 milliards de F CFA.
Une cure d’austérité à hauts risques
L’équation est simple, mais les conséquences pourraient être lourdes. Pour assainir les finances publiques, l’Exécutif a taillé dans des subventions vitales pour le quotidien des Gabonais : fin des subventions aux médicaments (17,9 milliards FCFA) , suppression de l’aide à la farine et aux familles (3,1 milliards FCFA) réduction drastique des subventions aux carburants, passant de 88 à 12,2 milliards FCFA  et arrêt du remboursement de la TVA aux entreprises non pétrolières (30,2 milliards FCFA).
Pour compenser une partie de ces recettes perdues, une nouvelle taxe de 9% sur l’électricité sera instaurée, avec une promesse d’exemption pour les ménages les plus pauvres.
Le spectre de la colère sociale
Le pari est audacieux, voire périlleux. Alors que le pouvoir affiche sa volonté de relancer l’économie par le haut – avec un budget d’investissement en hausse de 570% –, ces coupes claires menacent de plomber le pouvoir d’achat des plus vulnérables et de provoquer une inflation galopante.
Dans l’hémicycle, la tension était palpable. Le 4e Vice-président de l’Assemblée nationale, Geoffroy Foumboula Libeka, a voté contre le projet, craignant une « paupérisation » de la population. Un scénario à la kényane, où des mesures similaires avaient déclenché de violentes protestations en 2024, plane déjà dans les esprits.
Le gouvernement en mode déminage
Face à la polémique, le ministre Oyima est monté au créneau pour tenter de rassurer. « Je puis vous rassurer de la volonté du Gouvernement de protéger les plus vulnérables », a-t-il déclaré aux parlementaires. Il a mis en avant une enveloppe sociale de 61 milliards de F CFA, en hausse de 11 milliards par rapport à 2025, destinée aux « filets sociaux ».
Mais dans un contexte de marché obligataire tendu et sans accord avec le FMI, ce budget austéritaire est-il viable ? Pour de nombreux observateurs, la pression des réalités financières et sociales pourrait bien contraindre le gouvernement à une nouvelle révision. Le dernier mot n’a probablement pas encore été dit.
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