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Visite controversée chez les Bongo : l’indépendance de la justice gabonaise sur la sellette

Une simple vidéo suffit parfois à cristalliser les doutes d’une nation. Celle qui circule actuellement au Gabon montre un casting des plus choisis : hauts magistrats, avocats de l’État et autres officiels, attablés dans une rencontre pour le moins informelle avec l’épouse et le fils de l’ancien président Ali Bongo Ondimba. Le détail qui pique ? Ces derniers sortaient à peine de la prison centrale de Libreville où ils étaient écroués depuis le coup d’État du 30 août 2023.
 
Face à cette séquence devenue virale, l’ONG SOS Prisonniers Gabon (SPG) est montée au créneau ce mercredi 5 novembre, ne se contentant pas d’un haussement d’épaules. L’organisation exige du secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature l’ouverture d’une enquête indépendante. Pour SPG, il ne s’agit pas d’un simple fait divers, mais d’une entaille profonde faite au principe de séparation des pouvoirs.
 
Le communiqué de l’ONG fustige ce « déplacement informel et troublant » qu’elle qualifie de violation flagrante des textes fondamentaux. Elle brandit l’article 111 de la Constitution, garantissant l’indépendance du judiciaire, et les articles du statut des magistrats qui interdisent les influences extérieures. « Il est évident que ces dispositions ont été gravement violées », assène-t-elle, pointant du doigt une dérive vers une justice à deux vitesses, où le protocole carcéral semblerait s’évaporer à certaines adresses.
 
L’appel à une enquête vise à préserver ce qui reste de la crédibilité de l’institution. « Nous avons un rêve pour ce pays : voir une justice véritablement indépendante », conclut l’ONG, mélangeant espoir et amertume.
SPG n’est pas un cri solitaire dans la jungle judiciaire gabonaise. Landry Abaga, président du Syndicat des magistrats, a lui aussi taclé l’incident avec une verdeur qui ne laisse place à aucune ambiguïté. Pour lui, la vidéo révèle au peuple « l’origine des maux de notre justice ainsi que le visage éhonté du ver qui est dans la pomme ».
 
Une image qui en dit long sur la défiance qui ronge l’appareil judiciaire. Reste à savoir si les gardiens de la magistrature gabonaise saisiront la perche qui leur est tendue, ou si cette affaire se perdra dans les méandres des non-dits et des accommodements entre élites. Le verdict, silencieux pour l’instant, sera observé à la loupe.

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