
Dans ce qui pourrait s’apparenter à une excursion improvisée, M. Pascal Ogowè Siffon, ministre du Tourisme, a donc été invité à modifier son itinéraire lors d’un déplacement hors de la capitale. Alors qu’il semblait vouloir explorer des horizons plus lointains que prévu, les autorités l’ont gentiment raccompagné vers sa résidence pour bien méditer, le temps d’une enquête, sur les charmes du tourisme local – et sur la gestion de quelques milliards de francs CFA.
Car l’affaire, aussi soudaine qu’un départ en vacances sans bagages, tourne autour d’une somme rondelette : plus de 10 milliards de francs CFA, initialement destinés à faire briller les paysages gabonais. Ces fonds, issus de crédits publics, de dividendes hôteliers et même de revenus pétroliers, auraient apprécié un voyage administratif si discret que certaines traces comptables semblent s’être égarées en route. Les enquêteurs, passionnés d’énigmes financières, cherchent à présent à reconstituer le puzzle de leur utilisation.
L’épisode est d’autant plus pittoresque que le ministre, nommé en septembre 2023, s’était fait le chantre de la transparence et du redressement du secteur, avec audits et projets d’infrastructures à la clé. Une ironie que les observateurs notent avec un sourire en coin, tout en rappelant que, juridiquement, le voyage de ces fonds comme celui du ministre reste à élucider.
L’assignation en résidence surveillée d’un ministre en exercice – une expérience immersive peu courante – témoigne d’une certaine fermeté dans la gestion des deniers publics. Reste à savoir si cette aventure inspirera un guide de bonnes pratiques administratives ou alimentera les séries politiques locales. Pour l’heure, M. Siffon bénéficie, comme tout citoyen, de la présomption d’innocence : peut-être préparait-il simplement un futur séjour d’étude… très, très discrètement.
L’enquête suit son cours, et le tourisme gabonais, lui, attend toujours son grand retour – avec des fonds, si possible, bien accompagnés.



