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Tentation d’un coup de théâtre : Le Bénin résiste au scénario mal écrit de quelques soldats mal inspirés

Dans un pays où l’alternance démocratique est devenue si routinière qu’elle en devient presque ennuyeuse, un groupe de militaires a tenté d’insuffler un peu d’exotisme au scénario politique local. Résultat : un fiasco aussi rapide qu’un orage tropical, et une leçon de maintien en scène donnée par le président Patrice Talon lui-même.
 
En effet, alors que le Bénin s’apprêtait à passer une journée ordinaire entre ses fameux championnats de lutte traditionnelle et des discussions sur le prix du coton, la télévision publique a diffusé, en matinée, une annonce pour le moins surprenante : un groupe en tenue militaire, visiblement inspiré par des rediffusions de vieux films des années 70, proclamait la destitution du président et l’avènement d’un certain « Comité pour la refondation militaire », dirigé par un lieutenant-colonel dont personne, pas même Google, n’avait jamais entendu parler.
L’audacieuse tentative a tenu à peu près aussi longtemps qu’un sorbet au soleil. Dès la soirée, Patrice Talon, imperturbable dans un costume impeccable, est apparu sur Bénin TV pour offrir au pays sa version des faits, avec la sérénité d’un chef d’entreprise expliquant un retard de livraison.
 
« Un groupuscule de soldats, sous prétexte de revendications fallacieuses, a entrepris une mutinerie dans le but de jouer aux apprentis sorciers avec nos institutions », a-t-il déclaré, avec le flegme d’un homme qui a déjà survécu à bien des saisons de sécheresse économique. Visiblement agacé par cette tentative de plagier le cahier des charges des putschistes du Sahel voisin, il a ajouté, non sans une pointe de mépris : « Cette entreprise aurait plongé notre pays dans une aventure sans lendemain. Ici, au Bénin, on préfère les investissements à long terme. »
 
Le président, qui a bâti sa fortune sur le coton avant de se coltiner la politique, a ensuite tenu à remercier « l’écrasante majorité de l’armée, restée fidèle à la République et à ses principes de comptabilité en partie double »« Avec eux, nous avons repris les positions et nettoyé les dernières poches de résistance, aussi tenaces qu’une tache d’huile de palme sur une chemise blanche », a-t-il assuré, promettant que « la forfaiture ne restera pas impunie et sera facturée au prix fort ».
 
La communication fut un modèle du genre : assez ferme pour rassurer les marchés, assez paternelle pour calmer les familles, et suffisamment teintée de sarcasme pour que tout le monde comprenne que les auteurs du coup manqué allaient passer un très, très mauvais quart d’heure.
 
Selon des sources proches du palais de la Marina, les mutins, visiblement mal renseignés, ignoraient deux fondamentaux du Bénin moderne : premièrement, que le pays a depuis longtemps troqué les coups d’État contre des coups de pub pour attirer les investisseurs ; deuxièmement, que tenter de renverser un homme qui a réussi à transformer la filière coton en empire est à peu près aussi judicieux que de déclarer la guerre aux termites avec un cure-dent.
 
Alors que l’élection présidentielle de 2026 se profile déjà à l’horizon, cette tentative avortée aura surtout servi de rappel : au Bénin, le seul coup d’État toléré est celui de la balle de service au tennis, sport dont le président est un adepte. Pour le reste, la transition se fera dans les urnes, comme prévu au programme, et sans improvisation de dernière minute par des militaires en quête de gloire éphémère.
 
Les auteurs en fuite, qui détiennent apparemment quelques otages, sont désormais recherchés avec l’efficacité qui caractérise la chasse aux fraudeurs douaniers. Leur « Comité pour la refondation militaire » a déjà rejoint le cimetière des idées mal conçues, juste à côté du projet de parc à girafes dans le quartier de Ganhi et de la monnaie nationale en cauris.
 
Affaire à suivre, donc, mais surtout à ne pas imiter. La stabilité démocratique, comme le disent les Béninois, n’est pas un jeu de dames.

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