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Togo : Lomé accueille le IXe Congrès panafricain : où l’on reparle d’unité, de réparations et… du régime togolais

Ce lundi 8 décembre s’est ouvert à Lomé, dans le fastueux Palais des congrès, le neuvième Congrès panafricain, un événement qui n’a lieu qu’une fois par décennie – comme les grandes marées ou les changements de constitution dans certains pays. Le thème, ambitieux, est « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales ». Autrement dit : comment faire entendre la voix du continent dans des instances où il est souvent marginalisé, un siècle après les premiers discours sur l’unité africaine.
La liste des participants est éclectique : ministres, universitaires, économistes, diplomates, influenceurs panafricains… Une belle brochette de la diaspora et des élites intellectuelles, réunie sous l’égide de l’Union africaine et portée depuis deux ans par le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey. Au programme : débats sur les réparations pour les injustices historiques, la place de l’Afrique dans le monde… Bref, tout ce qui fait vibrer les cœurs et les esprits engagés.


Mais comme souvent lorsqu’un événement d’envergure se tient sous les auspices d’un pouvoir controversé, l’ambiance n’est pas totalement à l’unisson. L’opposition togolaise et certaines figures militantes dénoncent une« instrumentalisation » du discours panafricain par un régime accusé « d’asphyxier sa population ». Le mouvement M66, né sur les réseaux sociaux, appelle même à une mobilisation contre le pouvoir en place, en parallèle des grands discours sur la libération des peuples.
On assiste donc à un spectacle en deux actes : dans la salle climatisée, on parle de renaissance panafricaine et de réformer l’ONU ; dehors, on réclame la libération des prisonniers politiques et le rejet d’une nouvelle Constitution très critiquée. Un contraste qui n’a pas échappé à l’influenceur Kemi Seba, qui a décliné l’invitation, ni à plusieurs observateurs qui s’interrogent : le panafricanisme peut-il vraiment renaître entre quatre murs dorés, porté par des gouvernements que leurs jeunes contestent dans la rue ?
Le congrès, lui, se poursuit jusqu’à vendredi. Les intervenants vont sans doute appeler à plus de souveraineté, à une voix africaine forte et unie. Reste à savoir si cette voix portera aussi loin que les tweets des opposants et les slogans des manifestants. Comme disait l’autre : le panafricanisme est un idéal noble, mais son enrobage politique, lui, est souvent une affaire de calendrier.



