
L’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a vivement condamné, mardi 9 décembre, la récente instauration par le gouvernement d’une Taxe forfaitaire d’habitation (TFH). Président du parti Ensemble pour le Gabon (EPG), il y voit un « matraquage fiscal » de plus, frappant des ménages déjà asphyxiés, et lance un appel à la résistance.
« Cette Taxe d’habitation intervient alors que s’ajoutent une taxe carbone, une contribution sur les communications et télécommunications », a-t-il dénoncé lors d’une conférence de presse à Libreville. Pour lui, cette mesure s’inscrit dans une offensive fiscale globale et injuste qui pèse notamment sur les retraités et les chômeurs.
L’ancien chef du gouvernement a fustigé le mécanisme même de la TFH, qui sera prélevée sur la facture d’électricité dès 2026. « Ce qui nous est proposé est une taxe sur l’électricité », un bien de première nécessité, a-t-il asséné, jugeant le procédé « indécent ». Il a pointé une iniquité flagrante dans son application : « Mon veilleur de nuit vit à Angondjé et paie la même taxe que moi, alors que la femme de ménage au quartier Awendjé paie dix fois plus. »
S’appuyant sur un récent rapport de la Banque mondiale indiquant que plus d’un tiers des Gabonais vit sous le seuil de pauvreté, Bilie-By-Nze a accusé le pouvoir de choisir la facilité. « Les taxes sont imposées quand on ne sait plus gouverner », a-t-il lancé, estimant que l’État devrait plutôt s’attaquer au chômage des jeunes, à la corruption ou à la mauvaise gestion des fonds publics.
Il a aussi souligné l’incohérence d’instaurer une telle taxe sans un cadastre fiable. « Si on veut appliquer la taxe d’habitation, il faut organiser le foncier. Il faut attribuer les titres. […] Cette taxe devrait tenir compte de la qualité de l’habitat, de l’urbanisation et des services publics disponibles. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »
Face à cette taxe qu’il qualifie d’« inutile et injuste », l’opposant a appelé à une mobilisation générale. Il a exhorté partis politiques, syndicats, travailleurs et société civile à se rassembler pour « faire front » et « refuser » cette mesure. Une invitation à la désobéissance civile et à une « réflexion profonde et collective » pour briser, selon ses mots, un cycle de pression fiscale et pallier un « échec politique grave ».
Alors que le gouvernement justifie la TFH par la nécessité de soutenir les finances publiques et la relance économique, la voix de l’ancien Premier ministre rejoint un tollé grandissant au sein d’une population qui se sent, une fois de plus, prise pour cible.



