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Gabon : « Douce facture », la TFH débarque, mais rassurez-vous, ce n’est qu’une question de standing (et de pouvoir d’achat)

Avec un élan de transparence qui ne manquera pas de réchauffer les cœurs – sinon les portefeuilles –, les autorités gabonaises ont détaillé les modalités de la célèbre Taxe Forfaitaire d’Habitation (TFH). La SEEG, promue collectrice officielle de cette contribution aussi populaire qu’une panne d’électricité en pleine canicule, a pris les devants pour calmer les esprits sur Gabon 24. Le message est clair : ne vous inquiétez pas, votre facture d’électricité restera strictement identique. Enfin, presque. Il y aura juste, en plus, une autre facture.
Steeve Saurel Légnongo, directeur général de la SEEG, s’est voulu rassurant : « Vos factures et vos consommations d’électricité ne seront pas impactées. Vous payerez toujours votre consommation normalement ». La nuance, subtile, réside dans le terme « normalement ». Normalement, en effet, on ne payait que sa consommation. Désormais, à partir du 2 janvier 2026, il faudra aussi régler un « relevé de TFH » distinct, qui atterrira gentiment dans votre boîte aux lettres ou sur votre téléphone. Une façon élégante de dissocier le courant électrique du courant fiscal.
 
L’élégance du système réside dans son calcul, d’une simplicité désarmante. Oubliez votre frugalité, vos efforts pour éteindre les lumières ! Ici, c’est la puissance de votre compteur qui fait foi. Un critère ingénieux pour « évaluer, de manière indirecte, le niveau de vie du ménage ». En clair, si vous avez souscrit assez de watts pour alimenter une petite station de radio, vous êtes présumé modeste. Si votre compteur peut soutenir un concert de Beyoncé à domicile, l’État considère, avec une bienveillance touchante, que vous pouvez participer un peu plus à l’effort collectif. La taxe annuelle, oscillant entre 1 000 et 30 000 FCFA, devient ainsi un subtil baromètre de votre standing présumé.
Pour adoucir la pilule – une pilule qu’on vous présente comme un comprimé vitaminé pour le développement national –, le paiement pourra être étalé sur douze mois. « Quelqu’un qui doit payer 12 000 FCFA par an pourra verser 1 000 FCFA par mois », a précisé M. Légnongo, avec la précision mathématique de celui qui apporte une solution. Quant aux 60 000 foyers bénéficiant d’un « compteur social » (soit 14% du parc), ils sont bien sûr exemptés. Une manière de rappeler que la solidarité, c’est quand même mieux quand on n’est pas concerné.
 
Et pour ceux qui seraient tentés de laisser traîner ce nouveau document ? Le directeur a un plan. Après « plusieurs avertissements restés sans suite, une coupure d’électricité pourrait éventuellement intervenir ». Une mesure de dernier recours, bien sûr, purement incitative, visant simplement à recentrer l’attention du contribuable sur ses devoirs civiques.
 
Cette réforme, présentée comme un jalon essentiel vers une « meilleure culture fiscale », est donc sur les rails. Elle promet de rapporter près de trois milliards de FCFA, une manne qui, selon le ministre Henri-Claude Oyima, sera dédiée aux équipements socio-collectifs et à l’amélioration de la vie des Gabonais. Une belle perspective, à condition, comme l’a sagement rappelé le ministre, que le Parlement, actuellement en pleine session budgétaire, donne son aval final. C’est désormais chose faite depuis hier. L’ Assemblée nationale a donné son OK sur la mise en place de la TFH tant redoutée . Après tout, en matière de nouvelles taxes, un petit vote démocratique, ça ne mange pas de pain… mais ça va quand même coûter de l’électricité.

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