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Gabon -Économie: aliment de base des ménages, la farine passe à la casse…fuyons!

Alors que la vie chère continue d’étouffer les Gabonais, le gouvernement choisit de « serrer la ceinture » du côté des assiettes. Exit la subvention de la farine, denrée de base. Une économie de 2 milliards qui pèsera lourd dans le panier de la ménagère.
 
C’était une mesure-phare pour « soulager les ménages ». Elle rejoindra bientôt le musée des promesses discrètement oubliées. Selon la loi de finances 2026, l’État gabonais s’apprête à couper le robinet de la subvention sur la farine. Finies les largesses, place à la « rigueur ». Une petite révolution dans la politique sociale du pouvoir, qui avait pourtant multiplié les gestes d’apaisement – mercuriales, gaz butane, encadrement des prix – depuis son arrivée en août 2023.
Le soutien qui fait des farines
 
Le constat est amer,et le symbole, puissant. Dans un pays où le pain et les plats à base de farine sont l’épine dorsale de l’alimentation, retirer 2 milliards de FCFA de soutien direct, c’est envoyer un signal clair : la période de « grâce » sociale est révolue. Place désormais à « l’investissement public » et à la « consolidation des finances ». On imagine sans mal sur quels dos cette consolidation va s’opérer : ceux des consommateurs, déjà étrillés par une inflation tenace sur les produits de première nécessité.
 
Ironie du sort, le budget 2026 prévoit pourtant une augmentation de 26% des « dépenses de transferts ». Transferts vers qui, vers quoi ? Mystère. Visiblement, pas vers le sac de farine, désormais considéré comme un luxe ou un produit d’appel électoral devenu superflu. La farine est ainsi évincée du cercle très fermé des produits bénéficiant d’un soutien budgétaire direct. Une disgrâce soudaine pour un aliment si populaire.
 
La farine au régime sec, les Gabonais à la diète forcée
Rassurons tout de même la population: l’État ne la jettera pas complètement en pâture aux lois impitoyables du marché. Non, la farine conservera le privilège insigne d’une TVA à 5%, au même titre que le lait, le riz ou… la sardine en conserve. Quelle magnanimité ! Cette réduction fiscale, présentée comme un amortisseur, ressemble fort à un cautère sur une jambe de bois face à la hausse mécanique du prix à la consommation qui s’annonce.
 
Le timing, lui, est un chef-d’œuvre d’acrobatie politique. Cette suppression intervient alors que les Gabonais grognent déjà contre la taxe forfaitaire d’habitation et s’apprêtent à subir une pression fiscale globale en hausse de près de 30%. Entre le chômage, le logement hors de prix et le pouvoir d’achat en chute libre, les « préoccupations des populations » semblent soigneusement notées… pour être méthodiquement ignorées.
 
La « révolution fiscale » : une révolution contre les frigos ?
 
Le gouvernement engage donc sa« révolution fiscale ». Un grand mot pour une réalité plus prosaïque : faire rentrer de l’argent. La farine n’est sans doute qu’un début. Après tout, à quoi bon subventionner la nourriture de base quand on peut taxer davantage le fait de posséder un toit ou de simplement survivre ?
 
La nouvelle orientation est claire : fini le paternalisme de la farine à prix cassé. Place à un État « investisseur », austère et responsable. Reste à savoir si les estomacs gabonais, eux, adopteront avec le même enthousiasme cette cure d’austérité. Car au-delà des beaux équilibres macroéconomiques brandis comme des talismans, c’est une question simple qui persiste : avec quoi les gens vont-ils remplir leur casserole demain ?
 
Une seule certitude : dans la grande cuisine du budget 2026, le gâteau se rétrécit. Et ce ne sont pas les premières concernées, les ménagères, qui seront invitées à souffler les bougies.

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