FlashFocus

L’Agrégation du CAMES : le Gabon rate le coche, mais pas la réunion de crise

Zéro admis, zéro répit. Le verdict est tombé, et il est cinglant : le Gabon s’est retrouvé bon dernier au classement du dernier concours d’agrégation du CAMES en Sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion (SJPEG). Un score parfait… mais dans le mauvais sens. Alors que le taux d’admission global frôlait les 40 %, aucun candidat gabonais n’a franchi le cap de l’épreuve des travaux. De quoi faire rougir de honte les amphithéâtres et pousser le rectorat de l’Université Omar Bongo à organiser d’urgence… une réunion.
 
Un palmarès à pleurer (ou à rire jaune)
 
Difficile de tourner autour du pot : la note officielle du 15 décembre 2025, signée du rectorat, l’admet sans fard. Tous les candidats gabonais ont été « ajournés dès l’épreuve des travaux ». Traduction : éliminés dès le premier tour, là où se joue la rigueur, l’originalité et la solidité scientifique. Une déconvenue d’autant plus amère que, comme le rappelle pudiquement l’institution, « par le passé, notre nation s’est souvent distinguée par ses performances remarquables ». De leader à lanterne rouge, la chute est spectaculaire. On passe du podium au fond de la classe, sans escale.
 
Le Gabon, grand absent de la fête intellectuelle de Dakar
 
Pendant que 12 pays de l’espace CAMES célébraient près de 40 % d’admis parmi leurs candidats, le Gabon, lui, regardait le train passer. La 22ᵉ session, organisée en novembre 2025 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a réuni 215 chercheurs. Certains sont repartis avec le titre d’agrégé. Les Gabonais, eux, sont rentrés avec leurs valises… et leurs dossiers non retenus. Un échec collectif qui interroge : où est passée l’excellence académique d’antan ? A-t-elle été noyée sous les rapports administratifs, étouffée par un encadrement doctoral en berne, ou simplement égarée dans les méandres d’une gouvernance universitaire en panne d’inspiration ?
 
Réunion de crise : le remède après la panne ?
Face à ce fiasco, le rectorat a décidé d’agir. Enfin. Une réunion est convoquée en urgence ce 17 décembre, dans l’amphithéâtre Isaac Nguema. « Ces résultats doivent nous interpeller », déclare le professeur Jean-Jacques Tony Ekomié. C’est peu de le dire. Reste à savoir si cette interpellation débouchera sur une vraie remise en question, ou si elle se limitera à un exercice de communication bien rodé. Car derrière les beaux discours, c’est la crédibilité scientifique du Gabon qui est en jeu. Combien de temps pourra-t-on encore se contenter de vivre sur les lauriers – un peu fanés – du passé ?
 
Et maintenant ?
 
Il est facile d’ ironiser sur un classement, plus difficile de regarder en face les raisons d’un tel recul. Le respect dû aux candidats, qui ont fourni un travail certain, commande de ne pas verser dans la moquerie gratuite. Mais il oblige aussi à une lucidité sans complaisance : un pays qui ne forme plus ses élites intellectuelles à la hauteur des standards continentaux est un pays qui hypothèque son avenir. Alors, cette réunion sera-t-elle le point de départ d’un sursaut salutaire, ou l’aveu déguisé d’un déclassement durable ? La balle est dans le camp de l’université. À elle de prouver qu’elle sait encore viser juste.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page