
Dans le nord du Gabon, à Medouneu, chef-lieu du département du Haut-Komo (Woleu-Ntem), des milliers d’habitants survivent dans un enclavement absurde.
Le tronçon Kougouleu-Medouneu, long de 50 km, est impraticable depuis deux décennies, malgré les promesses répétées des gouvernements successifs. En 2023, des travaux d’entretien étaient annoncés avec un budget de 999,9 millions de FCFA confiés à Colas Gabon . Pourtant, rien n’a changé. Les populations restent prisonnières d’une route transformée en bourbier dès la première pluie.
Des conséquences humaines et économiques dramatiques
Accès aux services basiques compromis : L’état de la route a retardé la révision des listes électorales en 2023, privant les habitants de leur droit démocratique . Dépendance à l’égard de la Guinée équatoriale : Faute de ravitaillement régulier, les Médinois se tournent vers les marchés frontaliers pour obtenir des produits de première nécessité. Transport périlleux : Seuls quelques chauffeurs courageux, comme Blaise et son Toyota Hilux, bravent les 200 km de trajet vers Libreville, souvent bloqués pendant des heures dans des bourbiers profonds.
Des promesses non tenues et des priorités contrastées

Le gouvernement justifie l’abandon de Medouneu par des « critères d’éligibilité ». En décembre 2023, l’ancien ministre des Travaux Publics, Flavien Nzengui Nzoundou, déclarait : « Ovan-Makokou est prioritaire par rapport à Kougouleu-Medouneu » . Cette logique hiérarchise les vies et condamne les régions périphériques à l’oubli. Pire, en avril 2025, l’arrivée d’engins de chantier avait suscité l’espoir, mais les travaux n’ont jamais décollé.
Tableau comparatif des projets routiers : Medouneu vs. les autres axes du pays
Kougouleu-Medouneu 50 km 999,9 M FCFA, travaux abandonnés. Ovan-Makokou 95 km en cours de réhabilitation. Ndendé- Doussala 49 Km sur le corridor Libreville-Brazzaville, en cours de réhabilitation Libreville-Oyem 395 km planifié, etc…
Medouneu, symbole d’un Gabon à deux vitesses
Alors que le pays célèbre des avancées infrastructurelles sous l’impulsion des nouvelles autorités, Medouneu incarne le paradoxe d’un développement inégal. Le projet de bitumage de la route vers la Guinée équatoriale (168 km, 170 milliards FCFA) reste une fiction . Les populations, lassées des annonces médiatiques, ont organisé des marches pacifiques en 2023, scandant : « Pas de route, pas de vote ! » .
Un appel au président Oligui : ne pas reproduire les erreurs du passé
Le désenclavement de Medouneu n’est pas qu’un enjeu local ; c’est un test pour la crédibilité du nouveau leadership gabonais. Les Medounois refusent la résignation et demandent la matérialisation des promesses : relancer les travaux avec un calendrier contraignant. Une vision inclusive : cesser de prioriser uniquement les axes reliant les capitales et une réponse à l’urgence humanitaire : garantir l’accès aux services de base (santé, éducation, marchés).
Medouneu n’est pas une cause perdue. La résilience de ses habitants, leur recours aux canaux médiatiques et leur mobilisation pacifique montrent qu’ils croient encore en un avenir meilleur. Le président Oligui a l’opportunité de rompre avec l’héritage de l’oubli et d’offrir à Medouneu sa place dans le Gabon de demain. La route de l’impossible doit devenir celle de la dignité retrouvée.
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