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Guinée Équatoriale : Un audit pour (enfin) brancher la société d’électricité ?

Le Vice-Président Nguema Obiang Mangue, dit "Teodorin", ordonne un audit de la SEGESA, une tentative saluée mais qui soulève des questions sur le timing et les véritables intentions.

Dans un geste qui oscille entre la prise de conscience salutaire et l’évidence consternante, le gouvernement équatoguinéen a décidé de jeter une lumière crue sur le gestionnaire national de l’électricité, la SEGESA (Sociedad de Electricidad de Guinea Ecuatorial). Une initiative portée par le numéro deux du régime, Teodorin Nguema Obiang Mangue, qui semble découvrir que le pays est plongé dans le noir depuis des années, malgré des milliards de dollars de revenus pétroliers.
 
Une gestion qui mérite bien plus qu’un simple audit
 
L’annonce de cet audit intervient au cœur d’un vaste processus de restructuration entamé en 2023. Il était temps. Pour la population équatoguinéenne, les délestages chroniques sont une routine épuisante, un paradoxe absurde pour un pays producteur de pétrole et de gaz. Les entreprises tournent au ralenti, les hôpitaux dépendent de groupes électrogènes bruyants et coûteux, et le développement économique est tout simplement électrocuté par l’incompétence gestionnaire.
 
La mission de l’audit ? Clarifier la gestion désastreuse de la SEGESA, traquer les détournements, la corruption, la mauvaise gouvernance et l’inefficacité technique qui ont transformé le service public en symbole national de la faillite. L’ironie est savoureuse : c’est le régime lui-même, qui supervise cette société depuis des décennies, qui mandate aujourd’hui des experts pour découvrir ce que le petit peuple subit et dénonce chaque jour.
 
« Teodorin » à la manœuvre : restructuration ou opération de communication ?
 
L’initiative est personnellement portée par le Vice-Président Nguema Obiang Mangue, héritier présomptif du président Teodoro Obiang Nguema. Celui que l’on surnomme « Teodorin » semble vouloir se forger une image de modernisateur et de réformateur, lui dont la réputation internationale a été entachée par plusieurs affaires de corruption et de luxe ostentatoire.
 
Si la démarche est techniquement la bonne, elle laisse perplexe. S’agit-il d’une véritable volonté d’assainir un secteur vital pour l’économie et le quotidien des citoyens ? Ou simplement d’une opération de communication pour calmer une colère sociale grandissante et offrir un nouveau narrative à un régime en quête de légitimité?
 
Le verdict est en attente… comme l’électricité
 
Le véritable test ne résidera pas dans l’annonce tonitruante de l’audit, mais dans ses conséquences concrètes. Les conclusions seront-elles rendues publiques ? Des têtes vont-elles vraiment tomber ? Les responsables politiques ou familiaux impliqués dans des années de mauvaise gestion seront-ils tenus pour comptables, ou simplement quelques boucs émissaires techniques ?
 
En attendant les conclusions de cet audit, les Equato-guinéens, eux, continuent de vivre à la lueur des bougies et au vrombissement des générateurs. Ils attendent de voir si cette étincelle soudaine de volontarisme parviendra enfin à alimenter le réseau national, ou si elle s’éteindra aussi vite qu’un disjoncteur surchargé. L’histoire nous a appris à être sceptiques, mais l’espoir, comme une ampoule, peut parfois se rallumer quand on s’y attend le moins.

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