FlashPolitique

Gabon 2025 : La course contre la montre pour une participation électorale légitime

Alors que le Gabon s’apprête à tenir un double scrutin législatif et municipal le 27 septembre 2025, le processus électoral bat son plein. Cette élection, cruciale pour la consolidation démocratique après la transition politique entamée suite à l’annulation des résultats de la présidentielle de 2023 , se déroule dans un contexte de méfiance persistante et de défis logistiques significatifs. Le ministère de l’Intérieur a ouvert, depuis le 1er septembre 2025, deux périodes exceptionnelles de révision de la liste électorale, la dernière s’achevant ce 10 septembre. Cette course contre la montre révèle les engagements, les tensions et les dysfonctionnements qui caractérisent souvent les périodes pré-électorales au Gabon.
 
Le cadre légal et les efforts de transparence : un processus sous surveillance
 
Le système électoral gabonais, régi par un code électoral qui prévoit l’élection des députés au scrutin uninominal à deux tours dans des circonscriptions uninominales , a longtemps été critiqué pour son manque de transparence. Les élections passées, comme celle de 2016, ont été entachées par des allégations de fraudes et d’irrégularités, notamment des wiretappings d’observateurs européens ayant exprimé de « lourds soupçons » sur l’authenticité des résultats. Le gouvernement dirigé par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a promis de garantir des élections crédibles et sérieuses. Ainsi, la révision de la liste électorale pour 2025 a été avancée et menée avec un dispositif ambitieux, comprenant 158 commissions d’enrôlement sur le territoire national et 23 dans les représentations diplomatiques, afin de permettre l’inscription des primo-électeurs, la mise à jour des changements de centres de vote et la radiation des personnes décédées . Un centre d’appel et une plateforme en ligne ont été mis à disposition pour vérifier les inscriptions, preuve d’une volonté affichée de transparence .
 
La mobilisation politique : séduction électorale et lutte contre l’abstention
 
Dans cette dernière ligne droite, les soutiens de candidats en lice, comme David Mintsa , sont engagés dans une intense opération de séduction des électeurs. Sa mission : mobiliser un électorat parfois désillusionné et limiter le phénomène d’abstention, qui a historiquement posé problème dans la région . Son travail de terrain, ciblant notamment les jeunes et ceux ayant changé de province de résidence, est crucial.« Il y a certains de nos électeurs qui jusqu’en 2023 votaient dans des provinces. Donc nous les ramenons vers nous. Et nous avons aussi certains jeunes qui ont atteint 18 ans, nous devons leur montrer leur droit de citoyen, de s’inscrire et de voter. »
 
Cette mobilisation n’est pas sans rappeler les pratiques observées lors de campagnes précédentes, où les appartenances ethniques et les allégances locales pouvaient jouer un rôle significatif, comme en témoignent les critiques passées sur les replis identaires .
Les dysfonctionnements persistants : entre erreurs logistiques et défiance
 
Malgré les efforts officiels, la phase finale d’inscription révèle des dysfonctionnements préoccupants. Le processus de « basculement » des électeurs d’un centre de vote à un autre semble particulièrement vulnérable aux erreurs, comme en témoigne le cas d’électeurs ne retrouvant pas leur nom sur les listes affichées. « Comme je passais par là, j’ai constaté qu’il y avait déjà des listes affichées. Je me suis arrêté pour voir s’il y avait mon nom. J’avais fait le basculement pour l’école publique de Dragages. Malheureusement je ne trouve pas mon nom sur les listes affichées. »
 
Ces problèmes ne sont malheureusement pas nouveaux. Ils s’inscrivent dans une longue histoire d’anomalies électorales au Gabon, allant des restrictions d’accès pour les observateurs  à des irrégularités présumées dans l’annonce des résultats, comme les taux de participation invraisemblables de 99,93% dans la province du Haut-Ogooué en 2016 .
 
La société civile en alerte : sentinelles de la démocratie
 
Face à ces écueils, la surveillance citoyenne s’organise. Des acteurs civiques comme Tomé Jores Cyril se mobilisent pour vérifier la régularité des inscriptions, jouant un rôle de sentinelle pour garantir l’intégrité du scrutin. Leur travail fastidieux de vérification sur le terrain est essentiel pour identifier les irrégularités et maintenir une pression en faveur de la transparence.« Nous travaillons pour relever les intentions de vote. Malheureusement nous constatons que certaines personnes ont dû mentir sur les lieux de vote. Parce que lorsqu’on vérifie les données, on constate que certains noms n’apparaissent pas. »
 
Cette méfiance est compréhensible dans un contexte où des enregistrements audio, qu’ils soient authentiques ou montés , ont été utilisés pour semer la discorde et jeter le doute sur l’équité processus électoral.
 
 
Un test démocratique à haut risque
 
Alors que la dernière phase d’inscription s’achève ce 10 septembre 2025, le Gabon se trouve à un carrefour critique. La réussite de ce double scrutin est un test crucial pour la légitimité des institutions issues de la transition. Les efforts déployés pour moderniser le processus et le rendre plus transparent sont notables et représentent une avancée par rapport aux pratiques opaques du passé . Cependant, les dysfonctionnements persistants et la méfiance profondément ancrée dans l’électorat rappellent que le chemin vers des élections totalement crédibles et acceptées par tous reste semé d’embûches. La vigilance des candidats, des électeurs et de la société civile dans ces derniers jours sera décisive pour déterminer si le Gabon peut tourner la page des controverses électorales et engager une nouvelle ère démocratique où chaque voix compte et est correctement comptabilisée.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page