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Sommet Africain sur le Climat : Le continent lance un SOS… en versions premium et avec options

Au moment où la planète cuit à petit feu, le centre de conférence international d’Addis-Abeba offre une fraîcheur bienvenue pour accueillir, du 8 au 10 septembre, le deuxième Sommet africain sur le climat. Une grand-messe où 45 chefs d’État, accompagnés d’une armée de 25 000 diplomates, lobbyistes et militants (le package « participation citoyenne » inclus), se réunissent pour une mission cruciale : peaufiner le discours de victimisation… pardon, clarifier les priorités du continent avant les prochains dîners de gala internationaux que sont l’ONU, le G20 et la COP.
 
Le constat, martelé en boucle dans les couloirs climatisés, est sans appel : l’Afrique, qui contribue pour moins de 4% aux émissions mondiales, en subit les pleines conséquences. Sécheresses, inondations, et une facture salée de 2 à 5% du PIB annuel. De quoi avoir le blues. Mais dans un élan de positivité forcée, le thème de cette année est : « L’Afrique, source d’innovation et de solutions ». Traduction : on en a marre de tendre la sébile, on veut aussi vendre quelque chose.
 
Un éden vert en puissance (mais sans les clés de la cabane de jardin)
 
Le continent, c’est un fait, est assis sur un tas d’or. 60% du potentiel solaire mondial ? Check. 40% du potentiel en énergies renouvelables ? Check. Un sous-sol gorgé de minéraux critiques pour la transition de l’ancien monde ? Check. Bref, l’Afrique est la batterie de secours et le magasin de pièces détachées de la planète. De quoi, sur le papier, devenir le « leader mondial de la transition », comme l’ose think-tanker local Iskander Erzini Vernoit, visiblement encore ivre d’optimisme.
 
Sur le terrain des idées, l’innovation est donc foisonnante. Des PowerPoints verts à n’en plus finir, des présentations Prezi sur l’agroécologie, et des maquettes 3D de fermes solaires flottantes qui feront pâlir d’envie n’importe quel investisseur… virtuel. Car c’est bien là le hic.
 
L’innovation star : l’art de militer pour un chèque qui n’arrive jamais
 
Car si l’Afrique déborde de solutions, elle manque cruellement de solutions… de financement. La grande innovation discutée avec ferveur à Addis-Abeba est en réalité très ancienne : l’art délicat de la quémande. Le continent ne reçoit que 2% des investissements verts internationaux, une portion congrue qui soulève une question existentielle : comment se faire arroser quand on est au bout du système d’arrosage ?
 
La réponse tient en un slogan, répété comme un mantra pour conjurer le mauvais sort : « Réforme de l’architecture financière internationale ! ». Une formule magique qui signifie, en langage terrestre : « Chers pays riches, vos prêts à 15% d’intérêt pour construire des barrages qui résisteront à vos changements climatiques, on veut bien, mais à un prix ami ».
 
M. Vernoit, dans un élan de franchise rare, résume la stratégie : « L’Afrique milite et continuera à militer… ». L’innovation suprême serait-elle donc de devenir le premier continent à se monétiser lui-même en tant que victime rentable ? Un business model audacieux où l’on facturerait non pas la solution, mais le préjudice évité.
 
Alors, pendant trois jours, Addis-Abeba vibrera au son des promesses et des appels à un système « plus juste ». Une répétition générale avant le grand spectacle de fin d’année, où l’Afrique viendra une nouvelle fois présenter ses créances… et où le monde riche viendra, peut-être, applaudir poliment avant de repartir avec ses minéraux critiques, sous une nouvelle ligne de crédit à taux préférentiel (mais toujours prohibitif). Le continent est prêt à être la solution. À condition qu’on lui en donne enfin les moyens. Ou au moins, un acompte.

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