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« Bateaux fantômes » russes : le Gabon entre transparence officielle et enjeux internationaux opaques

Face à la crise des « bateaux fantômes » russes immatriculés sous pavillon gabonais, le gouvernement gabonais intensifie ses efforts pour préserver sa réputation internationale et éviter des sanctions économiques et diplomatiques potentielles. Cette affaire, qui implique la société émiratie Inter Shipping LLC, gestionnaire du registre maritime gabonais, révèle des tensions géopolitiques complexes et des zones d’ombre que les autorités gabonaises tentent de dissiper par des actions concrètes .
 
  Une enquête officielle pour rétablir la confiance
 
 Une commission spéciale, composée d’experts du ministère des Transports, de la Marine marchande et de la Logistique, ainsi que de la Direction générale de la Marine marchande, s’est rendue au siège d’Inter Shipping LLC du 4 au 7 septembre 2025. L’objectif affiché était d’auditer le fonctionnement de cette société, accusée par l’Union européenne et le Royaume-Uni de faciliter le contournement des sanctions internationales contre la Russie via l’immatriculation de navires transportant du pétrole russe au-dessus du plafond de prix de 60 dollars par baril . Le ministre d’État Ulrich Manfoumbi Manfoumbi a insisté sur la détermination du Gabon à « agir avec rapidité et détermination » pour garantir la conformité des procédures
 
 Risques diplomatiques et économiques : une motivation centrale 
 
Le gouvernement gabonais admet ouvertement que le pays pourrait faire face à des sanctions diplomatiques et économiques si les accusations contre Inter Shipping LLC sont avérées. Cette préoccupation est au cœur des discussions, comme en témoigne la rencontre entre le ministre Manfoumbi et la Haut-Commissaire du Gabon au Royaume-Uni, Aichatou Sanni Aoudou, le 10 septembre 2025 . La volonté de préserver l’image du Gabon à l’international est explicitement citée comme une priorité.
 
Les non-dits du dossier : entre pression internationale et ambiguïtés
 
Selon des sources, 95 pétroliers auraient été immatriculés sous pavillon gabonais depuis décembre 2023, dont au moins 40 ont visité des ports russes. Le Gabon a radié 28 navires pour « activité non conforme », mais 13 sont immédiatement passés sous pavillon russe, soulignant les limites de l’action gabonaise. Bien que la société se défende de respecter les normes internationales, elle est sous sanctions de l’UE, du Royaume-Uni, de la France, de la Suisse et d’autres pays pour son implication présumée dans le contournement des sanctions contre la Russie . Le gouvernement gabonais évoque la possibilité de changer de partenaire, mais une période transitoire de deux mois a été accordée à Inter Shipping pour poursuivre ses procédures juridiques via ses avocats à Londres. Quelques indiscrétions évoquent une « complotite occidentale » pour confier la gestion du pavillon gabonais à une structure agréée par les États-Unis ou l’Europe, suggérant des enjeux géopolitiques sous-jacents .
 
 Contexte géopolitique élargi
 
Cette affaire s’inscrit dans un paysage international plus large où les « flottes fantômes » russes utilisent des pavillons de complaisance pour contourner les sanctions. Les États-Unis ont également sanctionné des sociétés basées aux Émirats arabes unis, comme Hennesea Holdings, pour des violations similaires . Le Gabon, qui par ailleurs se présente comme un leader africain de la protection environnementale , risque de voir sa crédibilité écologique entachée par cette affaire maritime.
Le Gabon affirme sa volonté de transparence et de conformité aux normes internationales, mais les non-dits du dossier—comme la rapidité avec laquelle les navires radiés retrouvent un pavillon alternatif et les pressions géopolitiques—soulèvent des questions sur l’efficacité réelle des mesures prises. La suite des événements dépendra de la capacité du gouvernement à imposer une gestion rigoureuse à son partenaire émirati ou à en trouver un nouveau, tout en évitant les écueils diplomatiques .

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