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Bénin présidentielle : Boni Yayi, en sage retraité, offre gracieusement sa non-candidature

Avec un mouvement stratégique qui a surpris absolument personne mais qu’il fallait annoncer avec le sérieux d’une bulle papale, l’ancien président Thomas Boni Yayi a officiellement renoncé à briguer un nouveau mandat en 2026. Préférant endosser le rôle du sage désintéressé, il a offert à la nation un discours aussi riche en bons sentiments qu’en sous-textes.
Un retrait présenté comme un cadeau à la nation
Dans une déclaration solennelle adressée à ses « chers compatriotes », qu’il imagine sans doute suspendus à ses lèvres, Boni Yayi a déclaré avec une modestie touchante : « Je ne vous décevrai pas. Je ne cherche rien. Je ne suis candidat à rien. » Une phrase qui a sans doute rassuré les millions de Béninois qui redoutaient secrètement de le voir, lui et sa garde rapprochée, débarquer à la hussarde dans la course électorale.
Insistant sur l’« esprit de dialogue » – notamment avec le président Talon, son ancien protégé devenu maître à bord –, l’ex-chef d’État a livré une pépite de patriotisme éclairé : « Ce ne sont pas les Sud-Africains qui vont construire le Bénin ». Une mise au point salutaire pour ceux qui croyaient peut-être que le pays était sous tutelle de Johannesburg.
La démocratie, nouvelle mine d’or du Bénin
Fier héritier de son propre bilan, Boni Yayi s’est félicité d’avoir laissé derrière lui une démocratie qui « brille ». Un éclat qu’il oppose malicieusement au vide sidéral des ressources naturelles du pays : « Nous n’avons pas de pétrole, nous n’avons pas de gaz […] Mais ce que nous avons, c’est cette démocratie-là. » Une nouvelle donc : le Bénin mise tout sur l’exportation de démocratie et de stabilité constitutionnelle. Le business model du futur.
Il conclut en souhaitant que « la paix règne », un vœu pieux qui résonne étrangement dans un pays où la candidature du ministre des Finances, Romuald Wadagni, fait déjà grincer des dents et fait planer le doux parfum du conflit d’intérêts.
Wadagni, le super-héros économique sorti du chapeau de Talon
Justement, parlons du favori. Romuald Wadagni, 49 ans, est présenté comme l’homme providentiel. Cet expert-comptable, formé à Harvard et passé par Deloitte, a si bien géré les finances du pays qu’on le soupçonnerait presque d’avoir trouvé du pétrole. « Meilleur ministre des Finances d’Afrique en 2024 », titre-t-il fièrement sur son CV. Un poste qui, visiblement, était une simple étape avant le job ultime : présidentiable désigné.
Sa candidature, actée juste après que Patrice Talon a magnanimement respecté la Constitution en refusant un troisième mandat, tombe à pic. C’est une coïncidence, bien sûr.
L’opposition orpheline cherche un challenger crédible
Face à cette machine de guerre bien huilée, l’opposition, symboliquement orpheline depuis le gracieux retrait de Boni Yayi, se retrouve à devoir trouver un candidat. La tâche s’annonce ardue : il faut trouver quelqu’un capable de rivaliser avec le super-manager Wadagni, tout en naviguant dans une arène politique où les règles du jeu semblent être réécrites au fil de l’eau.
Les Démocrates, le parti de Boni Yayi, doivent maintenant se concerter « dans les jours à venir ». En espérant que leur future star ait, elle aussi, un MBA de Harvard et un réseau international. Sinon, ce ne sera pas très fair play.