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Cameroun/ Kamto-MANIDEM : divorce express après l’échec des épousailles électorales
L’opposant camerounais, recalé de la présidentielle, retourne à son premier parti politique comme un amant déçu qui revient à son ex après une aventure tumultueuse.

Dans un rebondissement aussi prévisible qu’un scénario de télénovela, Maurice Kamto a officialisé vendredi sa rupture avec le MANIDEM, le parti qui devait être son ticket pour la présidentielle du 12 octobre. Motif de la séparation ? Une « pluralité d’investiture » – comprenez : un imbroglio où deux prétendants se disputaient la même couronne – que le Conseil constitutionnel a jugé rédhibitoire . Kamto, lui, crie à la « machination politique » orchestrée par le régime de Paul Biya, qui aurait fabriqué de toutes pièces un « faux président » du MANIDEM et une « fausse candidature » pour l’évincer.
Le retour du prodige
Après cette déconvenue, Kamto effectue un retour triomphal – ou du moins stratégique – au Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), son parti historique. Le Conseil national du MRC, réuni le 6 septembre, l’a appelé à reprendre son rôle de président national, une invitation à laquelle il a répondu en quittant le MANIDEM « avec effet immédiat » . Dans une déclaration aussi solennelle qu’un discours de rentrée parlementaire, Kamto a salué « le sens patriotique » de Georges Anicet Ekane, le président du MANIDEM, tout en glissant subtilement que leur collaboration n’était qu’une parenthèse.
Le régime de Yaoundé en maître du chaos?
Le cirque électoral camerounais atteint des sommets de créativité administrative. Imaginez : un parti (le MANIDEM) qui se retrouve avec deux présidents et deux candidats – comme un couple qui divorce mais garde la même maison. Le ministère de l’Administration territoriale, accusé d’avoir « piraté » son propre site pour remplacer Ekane par un certain Dieudonné Yebga, joue les magiciens sortant un lapin d’un chapeau truqué . Résultat : Kamto, qui croyait avoir trouvé une porte dérobée pour contourner les règles électorales, se retrouve coincé dans l’entrebâillement.
Les ambitions contrariées d’un opposant persévérant
Kamto, qui avait obtenu 14 % des voix en 2018 , reste donc spectateur du prochain scrutin. Son exclusion, qualifiée de « barbarie administrative » par ses soutiens, relève soit d’une maladresse bureaucratique, soit d’un coup monté avec la précision d’un horloger suisse . Le MRC, boycotteur des législatives de 2020, se retrouve piégé par un calendrier électoral astucieusement modifié : les municipales et législatives reportées à 2026, empêchant le parti d’avoir des élus – condition sine qua non pour présenter un candidat .
Et maintenant ?
Kamto, tel un phénix politique, promet que « la lutte continue ». Reste à savoir s’il deviendra le roi maker de l’opposition en soutenant un candidat comme Cabral Libii ou Akere Muna , ou s’il organisera une résistance street-style avec ses militants. En attendant, le régime de Paul Biya, 92 ans et candidat pour un huitième mandat, peut souffler : son adversaire le plus coriace est hors jeu – pour cette fois.
Au Cameroun, l’élection présidentielle ressemble à une pièce de théâtre où le scénario est écrit d’avance, mais où les acteurs secondaires tentent toujours de voler la vedette. Kamto, lui, passe du rôle de protagoniste à celui de metteur en scène… ou de spectateur critique.