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Qatar Kagame à Doha : Gaz, minerais et grands discours sur la paix en RDC

Doha, le royaume du soft power et de l’air conditionné, a accueilli ce vendredi un habitué des zones troubles : le président rwandais Paul Kagame. Au programme de cette rencontre avec l’émir Tamim bin Hamad Al Thani : un subtil mélange de solidarité à géométrie variable et de diplomatie à plusieurs vitesses.
Acte I : La compassion stratégique
Kagame, en maître incontesté du storytelling, a ouvert le bal en présentant ses « sincères condoléances » au Qatar. Motif ? Les frappes israéliennes qui ont visé des responsables palestiniens… présents sur le sol qatari pour négocier la paix. Un coup de com’ magistral : compatir sur un drame loin du Rwanda pour s’attirer les bonnes grâces d’un médiateur clé dans un dossier qui lui tient bien plus à cœur : la RDC.
Acte II : Le ballet diplomatique des Grands Lacs
Car le vrai spectacle se joue ailleurs. Tandis que les deux leaders ont souligné avec une gravité de circonstance le besoin de « rendre des comptes » (chacun pensant à des comptes bien différents), Kagame a applaudi des deux mains le rôle du Qatar en Afrique des Grands Lacs. Traduction : « Merci de faire le médiateur, c’est plus présentable que si c’était moi qui dictais les termes. »
Le clou de la représentation ? L’évocation des avancées à Doha sur le conflit en RDC. Rappel des faits : le 19 juillet, le gouvernement congolais et le M23 (dont les liens avec Kigali sont le pire secret de Polichinelle) ont signé une belle déclaration de principes. Au programme : cessez-le-feu, libération des prisonniers, retour des réfugiés… Le genre de document qui fait rêver… avant de souvent finir dans un tiroir.
Acte III : La course contre la montre (et les réalités du terrain)
Le timing est parfait, presque trop : l’accord devait être mis en œuvre avant le 29 juillet et un accord final signé pour le 18 août 2025. On attend avec impatience le bulletin météo des bonnes intentions. Ce « jalon majeur », comme l’a si bien vendu la Commission de l’Union Africaine, rejoindra-t-il au panthéon des accordouilles ou marquera-t-il l’histoire ?
N’oublions pas le précédent numéro : l’accord de Washington fin juin, sous parrainage américain, qui prévoyait déjà le retrait des troupes rwandaises et le désarmement des groupes. Visiblement, quand il s’agit de la RDC, la diplomatie mondiale adore les sequels.
Le Qatar, maître de cérémonie
Au final, Doha s’érige en plateforme incontournable pour régler les conflits des autres, un rôle très lucratif en prestige géopolitique. Kagame, lui, joue parfaitement son rôle de leader régional concerné, tout en s’assurant que ses intérêts soient couverts sur tous les fronts.
La morale de l’histoire ? En diplomatie, il est crucial de savoir serrer la main droite tout en gardant la gauche sur le garde-fou. Et à Doha, l’art du marchandage ne se limite pas aux souks.