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Gabon : une campagne électorale sous tension s’ouvre dans un paysage politique brouillé

À la veille de l’ouverture officielle de la campagne pour les doubles élections législatives et municipales du 27 septembre, le climat politique gabonais est marqué par des alliances controversées, des rejets de candidatures et des discours divergents sur l’héritage de la transition. Les électeurs devront trancher dans un contexte où les frontières entre ancien et nouveau pouvoir semblent délibérément floues.
 
Un paysage électoral fragmenté
 
La campagne débute ce mercredi 17 septembre dans un climat de forte polarisation. Le Parti démocratique gabonais (PDG), ancienne formation au pouvoir sous Ali Bongo, et l’Union des bâtisseurs (UDB), créée par le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, sont au cœur des tensions. Alors que l’UDB présente 120 candidats aux législatives et le PDG 145, des alliances locales inédites ont été conclues dans plusieurs circonscriptions, avec des candidatures communes PDG-UDB ou des sièges où l’un des deux partis est seul en lice.
 
Cette stratégie d’alliances, perçue par certains comme une fusion masquée des forces politiques, suscite des interrogations sur la volonté réelle de rupture affichée après le coup d’État du 30 août 2023.
Discours contradictoires et guerre des narratives
La secrétaire générale du PDG, Angélique Ngoma, assume cette proximité : « Aux législatives comme aux locales, nous sommes tous les candidats d’Oligui Nguema ». Une déclaration qui semble réconcilier l’ancien régime avec la nouvelle autorité transitionnelle.
 
Mais du côté de l’UDB, on tient un discours bien différent. Mays Mouissi, secrétaire général des Bâtisseurs, met en garde les électeurs : « Le président Oligui n’a fondé qu’un seul parti. Votez contre ceux qui disent le contraire ». Un message clair pour distinguer les « vrais » partisans de la transition des « opportunistes ».
 
Une confusion politique dénoncée
 
Pour Romuald Assogho Obiang, universitaire gabonais, cette dualité PDG-UDB relève d’une même matrice : « Les deux formations partagent un même patrimoine génétique, spirituel et culturel. Vouloir les dissocier aux yeux des Gabonais revient à une véritable escroquerie morale ».
Dans l’opposition, le président du parti Ensemble pour le Gabon, Billie By Nze, dénonce une campagne sans débat de fond : « On demande aux Gabonais de choisir entre la peste d’hier et le choléra d’aujourd’hui ». Il accuse le pouvoir transitionnel et le PDG d’avoir « saboté la transition » et empêché une véritable compétition électorale.
 
Un scrutin déterminant… et ambigu
 
Alors que le Gabon s’apprête à tourner une page historique, ces élections sont présentées comme cruciales pour la relance démocratique du pays. Pourtant, les pratiques rappellent étrangement celles de l’ancien régime : candidatures rejetées « sans autre forme de procès », absence de débat public sur les projets de société, et instrumentalisation des divisions partisanes.
 
La question centrale reste : les Gabonais voteront-ils pour des idées, des programmes ou pour des intérêts personnels ? Dans un contexte où les identités politiques sont brouillées, l’issue du scrutin dépendra largement de la capacité des électeurs à démêler le vrai du faux.

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